Les villes de Gautrand

Photographe, journaliste, historien et commissaire d’expositions, il a signé de nombreux livres dont les derniers, édités par Taschen, sont consacrés à Paris, Brassaï, Ronis, Doisneau et Atget. En 1970, il a fait partie de l’équipe fondatrice des Rencontres de la photographie d’Arles créées par Lucien Clergue et Jean-Maurice Rouquette, directeur du Musée Réattu. Cinquante-quatre ans plus tard, la donation par son épouse de la totalité des archives du photographe au musée génère pour la première fois une rétrospective offrant une vision de l’œuvre dans ses différentes composantes dont certaines méconnues telles que le nu. Selon les séries réalisées sur soixante ans de carrière, se profile une photographie au graphisme épuré, intimiste ou humaniste. « Parler de la photographie de Jean-Claude Gautrand, c’est d’abord parler de mémoire », souligne Daniel Rouvier, directeur du musée et co-commissaire de l’exposition, dans le catalogue édité par l’institution. Dans cette veine, « L’assassinat de Baltard », chronique documentaire poignante sur la destruction en 1971 des pavillons qui abritaient le plus important marché de gros de Paris, est la série la plus emblématique avec « Métalopolis » (1964) sur la construction du périphérique, un enchevêtrement graphique de fers à béton. Il en est de même de « La mine », « Carnac » ou les séries sur la Seconde Guerre mondiale. Dans ses représentations de Paris, qu’il a arpenté et photographié durant toute sa vie, pointent son affection pour la ville et son intérêt pour l’évolution urbanistique. L’exposition ne manque pas d’évoquer enfin les Rencontres d’Arles, avec des photos prises lors des 48 années de festival vécu, photographié et chroniqué de manière sensible et engagée.