Les trésors thraces

Témoins en or d'une civilisation brillante

L'ŒIL

Le 1 novembre 2006 - 385 mots

Outre le souvenir de Spartacus laissé à l’Histoire, la civilisation thrace recèle de nombreux autres trésors, réunis exceptionnellement au musée Jacquemart-André. Quatre ensembles archéologiques, soit une centaine de pièces d’or et d’argent, illustrent l’époque la plus fastueuse des dynasties royales thraces, du vie siècle au iiie siècle av. J.-C.
Producteurs de l’or le plus ancien au monde dès 4 500 ans av. J.-C., les ancêtres bulgares, talentueux orfèvres, ont érigé le précieux métal en sésame pour l’éternité, l’agrémentant d’une grande richesse iconographique. Borovo, Panagurishté, Rogozen ou Letnitsa sont les témoignages de cette virtuosité technique, tant dans la finesse des modelés que dans la diversité de leur ornementation.
Les pièces présentées sont essentiellement des récipients liés aux festivités cultuelles et aux libations de la classe aisée. Rhytons, phiales et petites cruches de l’ensemble de Borovo attestent de l’importance du culte voué à Dionysos, dieu prépondérant du panthéon thrace. Les objets cultuels abondent ainsi en stylisation végétale, oiseaux, fruits et fleurs prompts à calmer la colère divine en ces périodes d’importants séismes.
Le trésor de Rogozen, ensemble sériel de près de 150 vases en bronze et or est, à ce jour, la plus grande découverte archéologique de Bulgarie. Sa grande valeur réside dans la virtuosité de sa décoration, alternance de motifs géométriques et végétaux, ponctués de bestiaires fantastiques et de plusieurs animaux d’un grand réalisme. Point de griffon, de pégase ou autre bouc ailé pour le trésor de Letnitsa. Ce dernier, peut-être une offrande au roi thrace Koys (383-360 av. J.-C.), recèle de nombreux menus objets sur le thème équestre. Équestre dans la représentation, mais également dans l’usage. Mors de cheval, appliques de harnais étaient certainement destinés à l’apparat d’un cheval de selle d’un membre de l’armée royale.
Fortement guerrière, la nation thrace s’est également montrée soucieuse de son raffinement artistique. Située au confluent de l’Orient et de l’Occident, la péninsule balkanique fut le théâtre
de nombreux affrontements. Pourtant, le peuple thrace a bénéficié d’échanges culturels féconds avec ses voisins, qu’ils soient Scythes au nord-est ou Celtes par-delà le Danube. Puisant ici et là les canons esthétiques grecs ou achéménides, les Thraces ont su fonder un art unique, contemporain de celui de la Grèce classique.

« L’Or des Thraces », musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann, Paris VIIIe, www.musee-jacquemart-andre.com, tél. 01 45 62 11 59, jusqu’au 31 janvier 2007.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°585 du 1 novembre 2006, avec le titre suivant : Les trésors thraces

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