Le Musée du Louvre et le Musée Condé-Château de Chantilly reviennent ensemble sur la brève, mais honorable carrière d’artiste de la princesse Marie d’Orléans.
PARIS, CHANTILLY - En 1827, l’artiste génois Matteo Picasso livrait un subtil portrait à la mine de plomb de la deuxième fille du futur roi des Français, Louis-Philippe d’Orléans, alors âgée de 14 ans. Adolescente farouche particulièrement versée dans les arts et les sciences, Marie d’Orléans y apparaît le regard mélancolique, voire implorant, d’une maturité surprenante pour une jeune fille de son âge. Le vague à l’âme étant à la mode, à l’époque, il s’agit certainement ici de la volonté de l’artiste de chercher à coller à l’air du temps, ou peut-être du souhait du modèle, désireuse de se montrer sous un jour avantageux. En réalité, Marie d’Orléans, emportée par une pneumonie à l’âge de 25 ans, était en parfait accord avec son époque. D’une sensibilité exacerbée et d’une grande piété, la princesse incarnait l’esprit du romantisme à la perfection, tant dans sa manière d’être que dans ses choix artistiques.
Sculptrice de talent
Placée sous l’œil attentif du peintre Ary Scheffer, Marie s’est révélée une incorrigible collectionneuse et sculptrice de talent, quoique piètre dessinatrice. Laissant libre cours à son inspiration religieuse (Le Juif errant), littéraire (Schiller, Byron, Walter Scott…) et historique, la jeune femme excelle dans la réalisation de petites sculptures en terre ou en plâtre, dont une grande partie est aujourd’hui conservée à Chantilly au Musée Condé, dans la collection de son frère le duc d’Aumale. Attestant d’une grande maîtrise, le Combat de chevaliers (1837-1838) figure parmi les œuvres de l’exposition qui se partage entre le Musée du Louvre et le Musée Condé-Château de Chantilly, lequel se penche sur la vie et à la carrière de la jeune artiste. La version en marbre de Jeanne d’Arc en est le fleuron, ainsi que les pièces de mobilier néogothique de son salon des curiosités spécialement aménagé dans ses appartements aux Tuileries, ici longuement évoqué, ou encore le grand portrait de Scheffer (1838) dans lequel la jeune femme, dépourvue de ses attributs princiers, est représentée dans son atelier en tenue de travail. Il est, en revanche, impératif de visiter en premier l’exposition du Louvre pour bénéficier de toutes les explications biographiques et artistiques. Hormis le catalogue mis à disposition et le point multimédia monopolisé par les plus jeunes, davantage habitués à regarder les écrans que les œuvres, il n’y a strictement rien au Musée Condé pour guider ou renseigner le visiteur
Jusqu’au 21 juillet, Musée du Louvre, 34, quai du Louvre, 75001 Paris, tél. 01 40 20 50 50, www.louvre.fr, tlj sauf mardi 9h-18h, mercredi et vendredi 9h-22h. Musée Condé–Château de Chantilly, 70243 Chantilly, tél. 03 44 27 31 80, www.cha teaudechantilly.com, tlj sauf mardi 10h-18h. Catalogue commun, éd. Somogy, 240 p., 35 euros, ISBN 9782757201657.
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Les trésors de la princesse
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaires : Nicole Garnier, conservateur en chef du Patrimoine, chargée du Musée Condé à Chantilly ; Anne Dion-Tenenbaum, conservateur en chef au département des Objets d’art au Musée du Louvre
- Nombre d’œuvres :
une quarantaine d’œuvres à Chantilly et une soixantaine au Musée du Louvre
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°281 du 9 mai 2008, avec le titre suivant : Les trésors de la princesse