L’exposition de Francis Picabia à la galerie Dalmau de Barcelone, en 1922, occupe dans la carrière de l’artiste une place particulièrement importante. Le cabinet d’art graphique en propose, à travers une trentaine d’œuvres, une évocation.
PARIS - Il n’est pas d’œuvre au vingtième siècle qui soit plus riche en retournements de situation que celle de Francis Picabia. Symboliste abstrait, dadaïste de choc, "mécanicien" des formes, figuratif persifleur, apôtre pervers du kitsch, il n’a cessé de détourner les valeurs sur lesquelles son art feignait de s’établir. Sa virtuosité et son caractère impétueux en ont fait un artiste imprévisible, qui traverse l’histoire avec désinvolture et précède toujours de plusieurs longueurs les mouvements souterrains des avant-gardes.
Avec un aplomb qui contribue à le rendre plus provocant que nature, Picabia s’en prend aux sacro-saintes notions de genre et de style. L’exposition de Barcelone, en 1922, peut apparaître comme le fruit d’une crise qui coïncide avec celle du mouvement Dada dans son ensemble. Les aquarelles et les gouaches qu’il y présente trahissent pourtant une volonté de maîtrise des contradictions. Aux œuvres explicitement ironiques et géométriques, il mêle des espagnolades, portraits convenus et traditionnels, obligeant pourtant le spectateur à transgresser à son tour les hiérarchies. L’insolence de Picabia n’a rien perdu de sa force et demeure d’une singulière actualité.
PICABIA 1922, Centre Georges Pompidou, Galerie d’art graphique, jusqu’au 1er juillet. Ouvert tous les jours sauf le mardi de 12h à 22h, samedi-dimanche de 10h à 22h.
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Les roues de Picabia
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Les roues de Picabia