Pour la première fois une exposition replace le mouvement d’art décoratif Arts & Crafts dans son contexte international du début du XXe siècle. L’exposition du Lacma avec plus de trois cents objets, vases en céramique, lampes en métal, patrons de textile, projets sur le papier… démontre comment le mouvement ne se contentait pas de changer la forme des objets mais aussi notre manière
d’appréhender les ustensiles du quotidien.
Le mouvement Arts & Crafts fut une réponse à un siècle de bouleversements sociaux et économiques. Son nom lui fut donné en 1887 quand un groupe de designers se rencontrèrent à Londres pour fonder « The Arts and Crafts Exhibition Society » qui réclamait que les arts décoratifs soient traités au même niveau que l’art tout court. On assistait à un retour de l’objet fait à la main. L’amélioration des conditions de travail, l’intégration de l’art dans la vie, l’unité de tous les arts, et une esthétique prônant le retour à des matériaux de base comme à des traditions quasi primitives furent l’essentiel de la philosophie du mouvement. Arts & Crafts a donné plusieurs sortes de réponses à la modernité, et, dès 1900, on trouve les œuvres de William Morris, Henry Van de Velde, Peter Behrens, Josef Hoffmann, Eliel Saarinen, Greene and Greene et Frank Lloyd Wright dans toute l’Europe et l’Amérique du Nord. Le mouvement proclame « la joie dans le travail », « une vie simple », se concentre sur « la réalité du matériel », garde « l’unité dans le dessin » et « l’honnéteté dans la construction », vise « une forme démocratique », et travaille en toute « fidélité avec l’espace »… Ses idées forces sont proches des philosophies orientales.
La reconstitution dans l’exposition d’une salle à manger du décorateur Peter Behrens montre l’attention à un motif qui se répète, se décline aussi bien sur les chaises, les tapis, que les couverts, les verres de table, et même les fixations pour les lampes. Les buts du mouvement Art & Crafts étaient d’incorporer l’art à la vie, et de le rendre accessible à tous et pas seulement à l’élite. L’organisation des grands magasins a permis la diffusion de ce style moderniste dans la société avec une diversité d’objets domestiques faits pour un grand nombre de consommateurs. La directrice du musée Andrea Rich est ravie que « l’exposition pose des interrogations, notamment celle de savoir comment les arts décoratifs aux États-Unis, pendant une si courte période 1880-1920, ont réfléchi sur les identités régionales aussi bien qu’internationales. »
« The Arts and Crafts Movement in Europe and America, 1880-1920 : Design for the Modern World », LOS ANGELES, Lacma, 5905 Wilshire Boulevard, tél. 323 857-6000, jusqu’au 3 avril.
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Les racines du Arts & Crafts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : Les racines du Arts & Crafts