Puzzles, rébus, copies, transcriptions : Gérard Collin-Thiébaut a une évidente prédilection pour les instruments anciens et la peinture, prédilection qu’il cultive sans aucune nostalgie, mais au contraire avec un humour parfois féroce. L’ex-Nouveau Musée propose un parcours intitulé \" Et si c’était de l’art ? \".
VILLEURBANNE - Gérard Collin-Thiébaut avait déjà exposé au Nouveau Musée en 1983. Le titre, déjà facétieux, en était "Le peintre parcours sa propre exposition". Cette fois, le propos est légèrement différent, "Et si c’était de l’art ?", mais tout aussi auto-ironique. À quelques exceptions près, il s’agit bel et bien d’une rétrospective, qui occupe plus dix salles de l’Institut d’art contemporain. On reverra ainsi certaines œuvres de "jeunesse", où le rapport du texte à l’illustration est exploré selon diverses procédures, et où s’affirme toujours une distance critique vis-à-vis des objets considérés.
En 1986, les Collections de caractères, inspirées du bon La Bruyère, poursuivent une réflexion sur le métier de la peinture et le statut qui lui est dévolu aujourd’hui. Le fond est le même avec les Peintures sur le motif, qui interrogent le regard porté sur l’histoire et l’usage qui en est fait.
Pas d’épate-bourgeoise
Collin-Thiébaut s’est tout aussi vigoureusement "attaqué" aux œuvres littéraires qui ont marqué les deux derniers siècles modernes : L’Éducation sentimentale, les Chants de Maldoror, ou les plus récents Fragments d’un discours amoureux ont été scrupuleusement recopiés de la maion de l’artiste. Qu’en est-il de la question de l’original, interroge Collin-Thiébaut, mais qu’en est-il aussi de la destination de ces travaux cryptés qui entendent bouleverser l’économie traditionnelle du signe ?
S’il est l’un des innombrables héritiers de Marcel Duchamp (l’une de ses œuvres est intitulée La règle du jeu ou le Passage de la Mariée à la Viduité où la Mariée Malade de l’Iris tomba Veuve), il se distingue sans aucun doute de ses coreligionnaires par l’application et le "sérieux" de son propos. Pas d’épate-bourgeois dans ses œuvres qui, au contraire, mettent en relief leur caractère modeste – seule façon peut-être de s’assurer un maximum de précision dans le propos. Les rébus que publie Collin-Thiébaut chaque mois dans le Journal des arts témoignent bien de sa conception dialectique de l’art, qui ne saurait délivrer un message limpide mais offre de singuliers détours qui pourraient bien entamer nos certitudes.
GÉRARD COLLIN-THIÉBAUT, Institut d’art contemporain, Villeurbanne, du 5 mars au 1er Juin. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 13h à 18h. Catalogue : Lettres aux aveugles à l’usage de ceux qui voient.
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Les puzzles de Collin-Thiébaut
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°23 du 1 mars 1996, avec le titre suivant : Les puzzles de Collin-Thiébaut