Sous les fleurs du sombrero, le sourire de Catrina se fige, ses yeux sont deux orbites vides. Le chapeau typique abrite le rictus de la mort.
Avec cette gravure grinçante qu’il compose à la fin de sa vie, José Guadalupe Posada (1852-1913) signe l’engagement de toute une carrière : résister à la morgue des puissants, montrer la souffrance des humbles. « Il ne dessine pas, il dénonce. » La verve du caricaturiste, qui campe un Zapata défiant le gouvernement, lui vaudra la prison. Car, depuis le début du siècle, l’art mexicain est entré en lutte contre un pouvoir politique autant que financier qui nie les aspirations du peuple à défendre son identité culturelle.
La révolution prend un autre sens, elle devient aussi esthétique. Les artistes trempent désormais leurs pinceaux dans des explosifs. Sur des panneaux de bois ou des supports en linoléum, ils expriment la colère qui gronde dans les campagnes. Leopoldo Méndez allume les Torches des paysans qui se révoltent tandis qu’Andrea Gomez campe La Rébellion d’une mère contre la guerre (1952). Le mouvement initié par les anciens conduit les créateurs modernes à révéler avec un réalisme renouvelé la précarité des spoliés de leur terre. Les diapositives de Francis Alÿs, né à Anvers en 1959, établi à Mexico, exposent de façon moderne les conflits que les lithographies d’hier avaient abordés. Tous ont un seul but : assurer la visibilité d’un même espoir. Chronique annoncée de cent ans de combat.
Kunsthaus Zürich, Heimplatz, 1, Zurich (Suisse), www.kunsthaus.ch
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Les pinceaux de la révolte mexicaine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : Les pinceaux de la révolte mexicaine