Paradoxalement, le papier fut d’abord pour Dérieux un matériau « de fortune », avant de devenir un support de prédilection. Dans le passé, la peinture à l’huile sur papier était habituellement réservée aux études, aux pochades, que le peintre réalisait pour les besoins de son travail, et non pour le public. Ce n’est bien sûr pas le cas chez Dérieux mais cependant on ne peut qu’observer une concordance entre ces options et le caractère intériorisé, intimiste et « silencieux » de sa peinture. Longtemps figurative, celle-ci devient abstraite dans les années 80, sans pour cela changer de ton. C’est à travers le collage que s’opère ce passage. Mais Dérieux a une approche très particulière de ce dernier. Il n’assemble pas des éléments hétérogènes, mais des petits bouts de papier préalablement froissés et peints à l’huile, ce qui leur confère un aspect diaphane et veiné qui réunifie toute la surface de l’œuvre. Placées sous le signe des valeurs plastiques, ses compositions géométriques sont comme radiographiées : fins comme des membranes, les plans sont abolis comme tels puisqu’on en voit les « profondeurs ». Pièges visuels, paradoxes subtils d’un peintre en ses petits papiers.
Galerie Olivier Nouvellet, 1er-12 juin.
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Les pièges visuels de Roger Dérieux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Les pièges visuels de Roger Dérieux