Pendant des siècles, toute table qui se voulait raffinée se couvrait de porcelaine importée de Chine.
Le succès de ces porcelaines tenait d’abord à leur remarquable qualité. D’autre part, l’essor du transport était facilité par la situation des principaux fours au sud de la Chine, et l’accès aux grandes voies de communication. Dès avant l’ère chrétienne, les premiers échanges ont transité par les routes caravanières de la soie. Mais cette route tenue par les Tibétains et les Arabes devient impraticable au VIIIe siècle.C’est donc une route maritime, du golfe Persique à la Chine en contournant l’Inde qui est adoptée par les marchands persans. Expédiées de Canton, les céramiques inondent les marchés de Bagdad. Bientôt le règne des Song (960-1279) ouvre pour la céramique une période d’essor favorisé par le développement de la marine chinoise. À cette époque, la porcelaine se couvre de couvertes denses, onctueuses et douces au toucher dans une gamme de tonalités raffinées en particulier
le « blanc bleuté », quingbai, légèrement transparent évoquant le jade. Les formes sont simples, avec des courbes continues.
Une nouvelle modification des routes commerciales se produit à la fin du Xe siècle qui voit les marchands arabes délaisser Bagdad et se tourner vers la Méditerranée, parfois même vers l’Afrique. Nombreuses sont les escales en Indonésie.
Le XIVe siècle est marqué par l’emploi du bleu de cobalt et l’immense succès de la porcelaine à décor « bleu et blanc » et entraîne une désaffection pour les céladons. Après Vasco de Gama, les marchands portugais ouvrent la route maritime des Indes et s’installent en 1557 à Macao. Lisbonne devient le grand marché des produits d’Asie. Vers 1580, devant ce besoin d’exportation massive, on fabrique à Jingdezhen des porcelaines originales. Après les Portugais, les Hollandais créent la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Les Anglais suivent puis, en 1664, Colbert organise la Compagnie française des Indes orientales. La demande européenne est donc énorme à un moment où la production de Jingdezhen est réduite par le pillage de la région en 1675. Les Japonais en profitent pour lancer l’« Imari chinois »...
Une véritable odyssée que restitue le musée de la porcelaine à Sèvres.
L’Odyssée de la porcelaine chinoise », SÈVRES (92), Musée national de la céramique, place de la manufacture, tél. 01 41 14 04 20, jusqu’au 16 février. Cat., RMN/Le Seuil,256 p., 45 euros. L’exposition sera ensuite visible au musée Adrien Dubouché à Limoges (tél. 05 55 33 08 50), 6 mars-1er juin puis au musée de la Faïence à Marseille (tél. 04 91 72 43 47), 25 juin-10 octobre.
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Les pérégrinations de la porcelaine chinoise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°555 du 1 février 2004, avec le titre suivant : Les pérégrinations de la porcelaine chinoise