Patricia et Gustavo Cisneros possèdent
une des collections d’art latino-américain les plus surprenantes, riche également d’œuvres modernes européennes et américaines. Autour de cet ensemble, l’exposition « Parallèles »,
à São Paulo, dessine un panorama de l’art brésilien dans la seconde moitié du XXe siècle, compris comme partie intégrante du mouvement international.
SÃO PAULO - Dans le musée personnel des Cisneros, figurent aussi bien les maîtres latino-américains de la première moitié du XXe siècle que d’importants artistes modernes européens et américains. Le couple vénézuélien possède aussi une collection d’arts décoratifs latino-américains de la période coloniale et un ensemble ethnographique composé de plus de mille objets produits par une douzaine d’ethnies de l’Amazone vénézuelien et des régions frontalières avec le Brésil et la Colombie. Un des aspects les plus importants de la collection est “sa conception et son utilisation comme outil éducatif mis au service de toutes les personnes intéressées”, explique Rafael Romero, le directeur de la collection. Les Cisneros ont de nouveau surpris avec l’exposition “Parallèles : l’art brésilien de la deuxième moitié du XXe siècle dans le contexte de la Collection Cisneros” au Musée d’art moderne de São Paulo puis, du 11 juillet au 22 septembre, dans une version plus vaste d’environ 235 œuvres au Musée d’art moderne de Rio de Janeiro.
Cette exposition extraordinaire explore les origines, le développement et le cadre historique de l’art moderne brésilien à partir de sa différence et de sa singularité. Selon Ariel Jiménez, le commissaire, “l’exposition poursuit l’idée de montrer au public brésilien le noyau brésilien de la Collection Cisneros dans le contexte de l’abstraction latino-américaine telle qu’elle est représentée dans la collection”. Dans “Parallèles” figurent trente-quatre des artistes brésiliens les plus importants, tels Lygia Clark, Jack Leirner, Cildo Meireles, Vik Muniz, Hélio Oiticica, Lygia Pape, Mira Schendel ou Tunga. Sont aussi présents des artistes d’autres pays latino-américains, d’Amérique du Nord et d’Europe permettant d’explorer les correspondances entre les différents mouvements internationaux et de mettre en évidence le contexte mondial dans lequel l’art brésilien s’est développé. L’exposition est organisée en trois sections. La première, “Contextes”, comprenant des œuvres de 1970 à 2001 qui sont dans leur majorité des installations à grande échelle, montre les travaux des Brésiliens Leirner, Meireles, Muniz mais aussi des Vénézuéliens Jose Gabriel Fernandez et Héctor Fuenmayor ou de l’Argentin Ernesto Ballesteros. Cuadriculas de libertad (Quadrillages de liberté, 1976) de Meireles constitue un exemple significatif usant des traditions formelles de l’abstraction pour dénoncer la dictature militaire des années 1970 au Brésil. Le quadrillage est réalisé en métal et verre et sa fragilité suggère la précarité des structures sociales et plastiques contre lesquelles toute une génération s’est révoltée.
Composée d’œuvres principalement créées dans les années 1960, la deuxième galerie, “Cuerpo a cuerpo” (Corps à corps), analyse le mouvement néo-concret qui a prospéré à Rio de Janeiro dans ces années-là. Y figurent des pièces réalisées par Oiticica, Schendel, et les deux Lygia (Clark et Pape). En leur temps, ils ont ajouté de l’expressivité et une sensualité organique à la rigoureuse géométrie du mouvement concret initial développé à São Paulo durant les années 1950. Est présenté dans cette partie Box, bolide 12 archeologic (Oiticica, 1964-65) où l’artiste a utilisé les préceptes formels du constructivisme. L’évocation du mouvement cinétique créé par Soto, Cruz-Diez et Gego du Venezuela complètent cette section.
Finalement se déploie l’espace intitulé “Cuerpo de la obra” (Corps de l’œuvre) avec des pièces achevées dans les années 1940 et 1950, une période particulièrement fertile au Brésil. Il faut rappeler que la Biennale de São Paulo est née en 1951, précisément parce que les traditions étaient cassées et un art nouveau était en développement. La Biennale a servi aussi à attirer au Brésil l’art contemporain, un effet assez semblable à celui provoqué par l’Armory Show de 1913 à New York qui a sensibilisé les artistes nord-américains aux avant-gardes européennes. Dans cette section, qui clôt l’exposition, sont présentés des œuvres de jeunesse de Clark, Pape, Schendel et Oiticica ainsi que des travaux de Aluisio Carvão, Judith Lauand, Ivan Serpa et Alfredo Volpi. Avec en contrepoint des pièces de Bill, Mondrian et Albers et des Latino-Américains Soto, Cruz-Diez, Torres-Gracia et du groupe Madi. Les pièces les plus remarquables de cette section sont Composition en bleu et jaune (Mondrian,1931) et Construction en blanc et noir (Torres-Garcia-1938), deux artistes qui ont joué un rôle important dans la naissance de l’abstraction en Amérique latine.
- Parallèles : l’art brésilien de la deuxième moitié du XXe siècle dans le contexte de la Collection Cisneros, Musée d’art moderne, Avenida 23 de Maio, São Paulo, tél. 55 11 5549 9688, tlj sauf lundi 12h-18h.
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Les parallèles en contexte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°149 du 17 mai 2002, avec le titre suivant : Les parallèles en contexte