Les mille feux du cristal Baccarat

Contrairement aux mises en scène clinquantes de l’époque, le choix d’une scénographie sobre et élégante, divisée par de minces cloisons de mailles d’acier, met en valeur l’éclat des verreries présentées et deux qualités essentielles de la maison : ses pièces imposantes et son innovation technique et stylistique. On ne peut manquer dans le hall du Petit Palais le lustre de deux cent cinquante lumières, ni, à l’entrée, le vase dit « du Négus » en cristal monté sur bronze doré mesurant 1,70 mètre. En 1878, la manufacture orne son pavillon d’un temple de Mercure réalisé tout en cristal et mesurant plus de 4 mètres de haut. Aujourd’hui disposé au centre d’un lac d’une propriété privée espagnole, sa gravure agrandie sur un mur donne un aperçu du tour de force. Dieux antiques, bestiaire médiéval, motifs orientaux ou japonisants, Baccarat s’inspire de tous les courants qui traversent le siècle. Ses présentations exceptionnelles et sa production diversifiée attirent les commandes des plus grands de ce monde réunis symboliquement à la table au cœur de l’exposition, sur laquelle sont dressés leurs services de table personnels. Au début du XXe siècle, Georges Chevalier, jeune décorateur, insuffle un nouveau vocabulaire stylistique. Le service « Jet d’eau », simplement gravé de traits parallèles, initie une radicalisation vers les formes épurées mettant en valeur la finesse du cristal. Pour la première fois, la présentation des verreries Baccarat est accompagnée d’une sélection des 200 000 dessins préparatoires et techniques sortis des archives de la maison.