En 1966, John Baldessari écrit sur une toile blanche : « Tout a été éliminé de cette peinture excepté l’art, aucune idée n’est entrée dans l’œuvre. » L’art de cet artiste américain aujourd’hui âgé de soixante-quatorze ans est résumé dans cette phrase, il sera pendant quarante ans ce mélange subtil de conceptuel et de pop, de réflexion et d’humour. Cette légèreté provocante est ce qui le distingue des conceptuels new-yorkais de l’époque, lui le Californien installé dans la Mecque de l’image, Los Angeles. L’image à qui il ne laissera aucun répit. Avant de s’attaquer aux clichés et stéréotypes véhiculés par le cinéma et la télévision, John Baldessari passe lui-même par la photographie. Au début des années 1960, il photographie tous les derrières de camions sur la route de Santa Barbara qu’il voit à travers son pare-brise. Par la suite, Baldessari n’aura de cesse de déconstruire les images les plus génériques pour y retrouver ce type de réalité brute. Et tous les moyens sont légitimes : montage, juxtaposition, prélèvement de détail, peinture. À Nîmes, il est désormais possible d’appréhender dans sa globalité le cheminement de cette figure majeure de l’art conceptuel. L’exposition rassemble une somme très importante d’œuvres depuis les prémices des années 1960 jusqu’aux créations datées de 2005. Baldessari est un insatiable. Guidé par la suspicion, il faut toujours qu’il aille voir derrière l’image ce qui s’y trouve vraiment. La leçon, à l’instar des petits exercices conceptuels tournés en vidéo dans les années 1970 et rassemblés à Nîmes, n’est jamais pontifiante ni dogmatique.
« John Baldessari, “From life”? », NÎMES (30), Carré d’art, musée d’Art contemporain, place de la Maison carrée, tél. 04 66 76 35 85, jusqu’au 8 janvier 2006
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les leçons de Baldessari
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Les leçons de Baldessari