Les explosions de couleurs de Katharina Grosse

Identifiable, car elle présente toujours le même mode opératoire depuis Green Corner, sa première intervention picturale au spray à la Kunsthalle de Berne en 1998. Inclassable, parce que chaque œuvre semble être à sa manière un cheminement aléatoire, une propre « cartographie » dans laquelle l’artiste, qui, souvent, aime peindre en marchant sur ses toiles étendues au sol, se plonge et nous plonge aussi, visiteurs. 25 ans donc après son expérimentation bernoise, Katharina Grosse revient dans la ville suisse, non pas avec des installations in situ, grâce auxquelles elle a acquis une certaine renommée ces dernières années, mais avec ses travaux d’atelier. Les 43 tableaux, enrichis de trois impressions photographiques sur tissu de très grand format qui accueillent le visiteur dans le hall du musée, sont issus de toutes ses phases de création. Ils documentent le travail minutieux et réfléchi de l’artiste allemande sur son propre œuvre qui intègre les principes de révision et de réinvention, des questionnements sur l’aléatoire de sa technique au spray et le contrôle de son geste pictural, sur les superpositions ou enchevêtrements des plans dans un tableau. Ses toiles plus récentes, datant des décennies 2010 et 2020, utilisent encore d’autres méthodes comme le pochoir ou le découpage des toiles. Dans chaque salle, émanent de ces œuvres où dominent des couleurs vives, pures et saturées une vitalité puissante et peu commune.