Les étoffes royales de Napoléon Ier

Le château en fait une nouvelle fois la démonstration en révélant un pan confidentiel de son destin : sa relation avec Napoléon Ier. C’est peu dire que l’installation de l’empereur dans l’ancien fief des rois de France n’allait pas de soi et pouvait même sembler contre-nature. Le souverain en quête de légitimité décide toutefois de s’approprier un peu du lustre de ses prédécesseurs en y prenant ses quartiers, tout en veillant à transformer le décor trop connoté. Homme d’État avisé, il fait ainsi coup double en sauvant de la faillite un des fleurons du luxe français : les soieries lyonnaises. Pour orner ses appartements, Napoléon voit les choses en grand et ne commande pas moins de 80 kilomètres de soieries plus luxueuses les unes que les autres. Il ne verra jamais le résultat de ce projet somptueux car les aménagements prennent du retard et sont relégués au deuxième plan par la reprise des guerres. Un coup de chance pour le patrimoine car les tissus livrés ne seront jamais installés mais conservés dans toute leur fraîcheur au mobilier national. Un déluge de damas, brocards et autres satins ou velours aux couleurs puissantes et au décor d’une modernité sidérante se déploie pour raconter cet épisode méconnu. Cerise sur le gâteau, outre ces pièces inédites, les heureux visiteurs ont aussi le privilège d’accéder aux appartements privés de l’empereur ouverts exceptionnellement pour l’occasion.