Les éloges des petits riens de Florence Chevallier

On les retrouve en ces lieux toujours autant porteuses de troubles évocateurs de voluptés épanouies, de grandes peintures baroques ou de vitraux les plus lumineux. Leur articulation avec d’autres séries de l’auteure induit d’ailleurs des espaces distincts, tant la charge des modulations et des dissonances de couleurs, d’ombre et de lumière est puissante. Par hall d’entrée interposé, leur mise en résonance avec d’autres séries antérieures de l’auteure ramène à son talent de donner une présence aux choses, aux êtres ou aux situations les plus ordinaires, de leur conférer aussi une somptueuse lumière en propre et une propension fictionnelle sans jamais se répéter. Placée en introduction, l’image de l’homme à la veste verte touchant de ses mains un champ de blé d’or pur sous un ciel gris de la série Toucher terre (Nord) est un joli contrepoint à sa capacité de faire surgir de la réalité des figures et des scènes lumineuses. Linge suspendu sur un toit-terrasse de Casablanca, pêcheurs à quai, simple cabanon en tôle dans un chantier, mur en béton festonné de verre tranchant ou baigneurs en bordure de rivière ombrée : chaque territoire investi, aussi différent soit-il, est porteur d’une intimité en propre, d’un rythme que Florence Chevallier rend palpable dans un tendre éloge de la couleur, de la lumière et des petits riens.