Les échos multiples d’Ana Torfs

En dévoilant six installations et deux séries de photographies, cette Belge, née en 1963, revient sur une constante dans son travail : l’interaction langage/représentation et les processus associés de traduction, interprétation et visualisation. Des textes et images, qu’elle puise dans un récit originel ou culturel (la découverte de l’Amérique par Colomb, le Voyage en Italie de Rossellini…), sont le matériau de base de sa rétrospective au Centre d’art contemporain Wiels. Dirk Snauwaert, à la fois commissaire et directeur artistique du lieu, précise : « Ce que nous montrons n’a quasiment jamais été montré en Belgique. » Les minutieuses installations de Torfs, combinant diapositive, son, vidéo, photo, mais également gravure, tapisserie et sérigraphie, utilisent des restes matériels, comme archives de l’histoire, pour les faire entrer en résonance les uns avec les autres ; elles fonctionnent comme autant de caisses de résonance dans lesquelles le visiteur se laisse immerger pour capter projections et allusions qui ont le champ libre. Derrière l’apparence plastique très élaborée de son dispositif (Torfs a été formée à l’audiovisuel à l’Institut Sint-Lukas de Bruxelles), la plasticienne ne manque pas de porter un regard virulent sur l’esclavage, un des axes majeurs de sa démarche, ainsi que sur les clichés liés à l’exotisme, qu’on retrouve dans le journal de Colomb qu’elle cite abondamment.