Photo - La 7e édition de Chaumont-Photo-sur-Loire ne déroge pas à la ligne éditoriale qui prévaut depuis ses débuts : programmer des travaux de photographes portant sur la nature.
Cette année, la visite commence par les portraits de pins noirs réalisés par l’Allemand Jens Liebchen (né en 1970), un jour de tempête, au centre de Tokyo. Leur silhouette isolée dans un paysage enneigé impose leur force tranquille et leur beauté, soulignée par la finesse du tirage. Rien à première vue ne laisse percevoir qu’ils font partie d’un paysage urbain. Pour le savoir, il faut s’approcher de l’image et distinguer en arrière-plan des voitures, des passants ou un alignement de gratte-ciel. Un instant de grâce saisi lors d’un séjour au Japon avec, en filigrane, l’intention du photographe d’évoquer, avec cet arrière-plan, les structures sociétales du pays, par l’emplacement de ces pins dans une partie extérieure du jardin du Palais impérial et par leurs formes soigneusement entretenues. « Frapper et questionner par le beau », tel est ce qui guide les choix de programmation de Chantal Colleu-Dumond, la directrice du domaine. Les éclats de lumière dans les grands tirages noir et blanc contrastés d’arbres de Nicolas Bruant (né en 1951) cristallisent la fragilité du monde, tandis que la « décolorisation » par Letizia Le Fur (née en 1973) de ses photographies en couleur de la forêt polynésienne dans un nuancier de gris des plus délicats, évocateur de neige ou cendre, dénonce métaphoriquement la colonisation et l’impact des essais nucléaires français. La manipulation de Laurent Millet (né en 1968) des images de forêts péri-urbaines en Indonésie procède des techniques de tirages anciens où le bleu et le doré déréalisent ce que l’on voit. Une rupture de ton s’impose avec les photographies du Canadien Edward Burtynsky (né en 1955) des paysages de l’Afrique subsaharienne transformés et déformés par l’extraction, la déforestation et l’urbanisation, dénonçant les exactions en cours.
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Les dessous de la beauté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°782 du 1 janvier 2025, avec le titre suivant : Les dessous de la beauté