Le Musée Galliera, à Paris, met à l’honneur la mode du Second Empire, dévoilant un nouveau pan de sa riche collection.
PARIS - Robes à crinoline, jupes interminables en taffetas, corsages aux décolletés profonds, dentelles, rubans, volants et franges : la mode du Second Empire fait son come-back sur la scène du Musée Galliera. L’institution parisienne, qui conserve de prestigieuses collections mais ne dispose malheureusement pas d’espaces permanents, dévoile le temps d’une exposition les toilettes des femmes du monde sous Napoléon III. Très soignée, la scénographie immerge le visiteur dans le Paris des années 1850 à 1870 : l’éclairage, la disposition des vitrines, l’omniprésence du noir associé à un rouge flamboyant, la posture des mannequins mis en regard de tableaux et photographies d’époque, confèrent au parcours un caractère théâtral. Particulièrement dans le premier espace, qui restitue une salle de bal où les robes, comme en lévitation, émergent d’une semi-obscurité. À cette ambiance nocturne succède la galerie d’un grand magasin qui présente des tenues de ville ou de villégiature. « La mode du Second Empire est riche, avec une silhouette imposante propice à un étalage redondant d’ornements variés », explique dans le catalogue l’historienne et commissaire de l’exposition, Françoise Tétart-Vittu.
Belle collection d’accessoires
Les robes associent souvent plusieurs types de textile. Les dentelles, perles, ruchés de gaze, plissés en tout genre, guirlandes de fleurs artificielles et volants leur donnent un caractère exubérant. Pour révéler au public la manière dont ces vêtements étaient confectionnés, le parcours effeuille l’un de ses modèles, dévoilant une jupe-cage constituée de cerceaux métalliques, ainsi qu’un corset et un jupon installés sur une crinoline. L’ensemble est accompagné de fiches techniques tirées d’un numéro de l’hebdomadaire La Mode illustrée (1869) et de poupées d’époque dont la garde-robe miniature concurrence celle d’une dame de la haute société. Dans l’exposition, les petites filles peuvent même passer une crinoline conçue spécialement pour l’occasion et disponible dans le parcours parallèle imaginé pour les enfants. Les artifices ainsi révélés ne gâchent en rien l’effet étourdissant produit par la ronde des modèles présentés dans ces espaces d’une autre époque où l’on croise indifféremment l’impératrice Eugénie, la comtesse de Castiglione, Georges Sand et des élégantes anonymes censées incarner « la Parisienne ». Pour Galliera, c’est aussi l’occasion de mettre en exergue les accessoires, point fort de sa collection. Dans un remarquable état de conservation, les ombrelles aux manches sculptés en ivoire, capotes bordées de tulle et rubans, bottines aux talons munis de cymbales, éventail porte-bouquet et manchon en plumes de paon se donnent en spectacle et pimentent le parcours. Celui-ci s’achève place Vendôme avec les bijoux des grandes maisons de la capitale, témoins des goûts immodérés de la bourgeoisie parisienne pour le luxe. Un style clinquant dont Jean Paul Gautier et John Galliano se sont sans aucun doute inspirés dans leurs collections automne-hiver 2008-2009.
SOUS L’EMPIRE DES CRINOLINES (1852-1870), jusqu’au 26 avril, Galliera, Musée de la mode de la Ville de Paris, 10, avenue Pierre-Ier-de-Serbie, 75116 Paris, tél. 01 56 52 86 00, www.galliera.paris.fr, tlj sauf lundi 10h-18h. Catalogue, éd. Paris -Musées, 212 p., 39 euros.
CRINOLINES
Commissariat : Catherine Join-Diéterle, directrice du Musée Galliera, et Françoise Tétart-Vittu, historienne de la mode
Scénographie : Alain Batifoulier et Simon de Tovar
Nombre de pièces : 300
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Les dessous chics
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Abonnez-vous dès 1 €Le Second Empire est aussi à l’honneur à la Manufacture nationale de Sèvres, qui présente les pièces de sa collection des années 1848 à la troisième République, période de prouesses techniques et de renouvellement des décors de la porcelaine. Nommé à la tête de l’institution en 1852, le scientifique Henri-Victor Regnault, soutenu par l’Empereur, développe une production particulièrement faste. La manufacture ouvre un atelier de faïence et de terre vernissée, un atelier d’émaux sur métal, et met au point la technique de la pâte-sur-pâte. Les pièces élaborées correspondent à l’engouement de l’époque pour les arts décoratifs et aux goûts personnels de l’impératrice Eugénie.
« Sèvres, Second Empire et IIIe République. De l’audace à la jubilation », Galerie de la Manufacture de Sèvres – Musée national de céramique, place de la Manufacture, 92310 Sèvres, tlj sauf mardi 10h-17h, tél. 01 46 29 22 10/00. Jusqu’au 22 février.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°295 du 23 janvier 2009, avec le titre suivant : Les dessous chics