« Maintes fois et avec non moins de plaisir que d’émerveillement, on regarde quelques-uns de ces tableaux ou cartes de perspectives dans lesquels, si l’œil de celui qui les voit n’est pas placé au point déterminé, il apparaît tout autre chose que ce qui est peint, mais, regardé ensuite de son point de vue, le sujet se révèle selon l’intention du peintre... » Extraites de la Pratica della perspettiva, publiée en 1559 par Daniele Barbaro, ces lignes constituent la première mention explicite du principe d’anamorphose. Celui-ci règle aujourd’hui le travail de Felice Varini, à ceci près que l’artiste a choisi le camp de l’architecture. « Au lieu de m’installer devant une toile pour peindre (...) j’ai décidé d’impliquer la peinture dans l’espace architectural », tient-il à préciser. Il invite le spectateur à s’impliquer dans le mécanisme de l’œuvre, à déjouer les pièges visuels anamorphotiques par une déambulation proprement créative. Fondés sur un vocabulaire de formes géométriques, les dispositifs qu’imagine Felice Varini au gré de ses interventions, comme ceux qu’il a réalisés ici à Saumur, sont autant de façons d’appréhender l’espace en le remettant en question. La démarche de Varini articule par le biais de l’anamorphose une réflexion sur le temps et l’espace qui ne se prive ni d’être ludique, ni d’être énigmatique et encore moins « curieuse », comme on le disait jadis de cette sorte de perspective.
- SAUMUR, Centre d’Art contemporain Bouvet Ladubay, 11, rue Jean Ackermann, tél. 02 41 83 83 83, 13 avril-2 juin.
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Les curieuses perspectives de Varini
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : Les curieuses perspectives de Varini