Photographie

Paris-14e

Les croyances de Graciela Iturbide

Fondation Cartier pour l’art contemporain - Jusqu’au 29 mai 2022

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 28 mars 2022 - 349 mots

De la rétrospective que lui consacre la Fondation Cartier, Graciela Iturbide dit : « Elle réunit toute ma vie et presque l’ensemble de mon travail dans toutes ses étapes.

 » Cette exposition, la plus grande organisée à ce jour, laisse effectivement émerger au fil du parcours la part biographique de l’œuvre. Sa lecture ne débute d’ailleurs pas au rez-de-chaussée, réservé aux trois dernières décennies, mais au sous-sol de la Fondation, où l’on retrouve les séries des années 1970-1980 sur les Indiens Seri au nord du Mexique ou sur les femmes du Juchitán qui ont contribué à sa notoriété. D’autres moins connues se développent aussi, comme celles de la communauté chicana rassemblant des sourds et muets. Les portraits, généralement de face, dominent durant cette période, expression de l’intérêt de l’auteur pour les communautés indigènes, qu’elle photographie sans chercher le spectaculaire, mais l’essence, le sensible de leur culture ou quotidien. Les séjours en Inde, et dans bien d’autres pays d’Amérique ou de l’Europe, s’inscrivent dans la même démarche. Nature, objet ou interactions humaines : Graciela Iturbide saisit l’âme des choses. Placées en regard de la biographie de la photographe, les images réalisées de la demeure atelier de l’artiste, au 37 calle Heliotropo, montrent à cet égard la place accordée chez elle aux objets et aux plantes. Vie et œuvre se confondent, ce que le titre donné à l’exposition (l’adresse de la photographe à Mexico) suggère. Le glissement au cours de ces trente dernières années vers des images plus abstraites, dépouillées d’humain, introduit à plus de symboliques, de méditations et à des tirages noir et blanc de plus grands formats. Des débuts où Graciela Iturbide s’initie à la photographie auprès de Manuel Alvarez Bravo, on ne trouvera qu’un portrait réalisé en 1969 d’une femme attablée, seule, dans un café. « J’ai photographié la ville de Mexico, puis grâce à Bravo j’ai pénétré le monde indigène », rappelle la photographe mexicaine. La mort de sa fille Claudia à 6 ans, en 1970, la conduira à s’intéresser de manière concomitante à nombre de rituels liés à mort et aux processions funéraires. « Peut-être pour soulager ma peine », dit-elle.

« Graciela Iturbide, Heliotropo 37 »,
Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris-14e, www.fondationcartier.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Les croyances de Graciela Iturbide

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