Les deux expositions précédentes de Ron Mueck à la Fondation Cartier, en 2005 et en 2013, avaient rencontré un grand succès, notamment la deuxième, avec plus de 300 000 visiteurs.
L’hyperréalisme des œuvres du sculpteur australien, son jeu sur les échelles, avec des personnages agrandis ou réduits, la vraisemblance aussi de ses sujets dans leur banalité, offraient alors à chacun de s’identifier. Cette troisième exposition témoigne d’une évolution de son travail, qui s’éloigne de la représentation des individus pour un propos plus sombre. L’artiste, on le sait, produit peu (moins de cinquante œuvres depuis ses débuts au milieu des années 1990). Ses obsessions n’en sont donc que plus flagrantes. Cette fois-ci, c’est avec une vanité monumentale (MASS, 2017, une commande de la National Gallery of Victoria, à Melbourne) qu’il investit le rez-de-chaussée de la fondation. Cet amoncellement de crânes géants a pour pendant une œuvre plus ancienne représentant un nouveau-né gigantesque que l’on dirait tout juste sorti du ventre maternel (A Girl, 2006). Si la dialectique est assez évidente (la vie, la mort), on remarquera que le souci de réalisme (les rides, les traces de sang) s’est effacé pour une représentation plus aseptisée et plus abstraite. De même, le trio de chiens qui toise le public dans la pénombre du sous-sol tend davantage vers une forme de classicisme (Untitled (Three Dogs), 2023). Le réalisme, trivial mais ambigu fait ainsi place à l’allégorie et au symbole, plus univoques.
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Les crânes géants de Ron Mueck
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : Les crânes géants de Ron Mueck