En marge de la rétrospective Vermeer qui se tient à La Haye, le Museum Het Prinsenhof de Delft rend hommage aux peintres contemporains du maître.
DELFT - Ancien couvent, devenu en 1572 la résidence de Guillaume le Taciturne – qui y fut assassiné –, les vénérables bâtiments du musée de Delft abritent une collection consacrée, pour l’essentiel, à la maison d’Orange-Nassau. Aux quelques tableaux delftois du XVIIe siècle qui y sont conservés, sont venus s’ajouter, le temps d’une exposition, un ensemble considérable et d’une remarquable cohérence. Il ne s’agit pas tant d’évoquer le siècle d’or de la peinture néerlandaise dans son ensemble que de mettre en valeur, avec la plus grande précision possible, les spécificités de l’École de Delft au temps de Vermeer : le goût se porte à la peinture d’architecture et à la scène de genre ; l’espace s’organise rigoureusement, selon les lois de la perspective linéaire, mais aussi selon les effets d’une lumière blanche, considérée dans sa dimension physique et dans son rapport avec la palette saturée des couleurs ; l’écriture est souvent précise et raffinée.
Mal connu
L’exposition s’ouvre sur une remarquable série de vues intérieures de l’Oude Kerk et de la Niewe Kerk (l’ancienne et la nouvelle église), cette dernière abritant le mausolée de Guillaume le Taciturne, qui fut pour beaucoup dans la réputation du site. Une réunion exceptionnelle d’œuvres d’Hendrick van Vliet, Emmanuel de Witte et Gerard Houckgeest illustre ce genre très prisé des amateurs, mais encore mal connu du grand public. Suivent des vues urbaines de Delft (Jan van der Heyden, Daniël Vosmaer), parmi lesquelles le célèbre petit tableau de Carel Fabritius (Londres, National Gallery).
La plus grande partie de l’exposition est néanmoins consacrée à la scène de genre, dont Pieter de Hooch, avant de s’installer à Amsterdam, fut à Delft le plus distingué représentant. L’artiste qui, par l’iconographie, fut le plus proche de Vermeer, est ici représenté par une quinzaine de toiles : rare ensemble qui, au sein de l’exposition, constitue un événement monographique en soi. De Samuel van Hoogstraten, fasciné par les illusions d’optique, on remarque une Vue d’intérieur dont la construction rigoureuse confine à la pure abstraction.
Au total, une cinquantaine d’œuvres permettent de bien juger du climat artistique de Delft au XVIIe siècle, et de mieux comprendre comment la poésie sublime de Vermeer vient y prendre logiquement sa place. Au Prinsenhof, on ne prête qu’une attention fugitive aux questions d’accrochage ou d’éclairage, tant on éprouve de plaisir à voir naître une école nouvelle.
DELFTSE MEESTERS, TIJDGENOTEN VAN VERMEER (Les maîtres de Delft contemporains de Vermeer), Delft, Museum Het Prinsenhof, jusqu’au 2 juin.
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Les contemporains de Vermeer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°24 du 1 avril 1996, avec le titre suivant : Les contemporains de Vermeer