Photo et documentaire - En arabe, « Comores » signifie « les îles de la Lune ».
Entre l’Afrique et Madagascar, l’archipel autrefois colonie française forme une constellation dans l’océan Indien, composée de quatre îles : Grande Comore, Anjouan, Moheli et Mayotte. Lors de leur indépendance en 1975, seule Mayotte a choisi de rester dans le giron de la France. L’instauration vingt ans plus tard d’un visa pour les Comoriens souhaitant se rendre à Mayotte a donné l’illusion d’un eldorado et dessiné une frontière à l’intérieur de l’archipel. La crise migratoire qui en a découlé a entraîné la mort de milliers de Comoriens et provoqué, à Mayotte, la traque de ceux que l’on appelle désormais « les clandestins ». Depuis 2011, Laura Henno (née en 1976) documente par des photographies et des films cette situation, en particulier sur les îles de Mayotte et d’Anjouan. Mais on n’avait jusque-là qu’une vision parcellaire de son travail. Le Frac Auvergne présente aujourd’hui différentes séries photographiques et trois films de son projet. Il place ainsi le visiteur face à un propos envoûtant par son écriture visuelle révélatrice et métaphorique de situations et de tensions vécues tant du côté des passeurs que des clandestins. Les liens tissés par l’artiste avec eux, et son choix de remettre en scène chacune de ses images en collaboration avec les jeunes qui acceptent de rejouer leur propre histoire, aboutissent à des récits intimes de survie d’une grande puissance, dans une nature qui ne l’est pas moins. Les photographies sont des tableaux où les visages et les corps expriment à la fois la peur, la résistance, la violence et la marginalisation que cette survie génère. Les trois films sont une évocation tout aussi allégorique de trajectoires individuelles ou collectives. Du focus sur le jeune passeur âgé de 12 ans, formé de nuit à bord d’un kwassa-kwassa (longue barque de pêche), aux jeunes clandestins avec leurs meutes de chiens survivant sur le littoral de Mayotte – dernier chapitre du récit –, on n’oublie rien.
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Les clandestins
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : Les clandestins