Plus importante exposition londonienne jamais consacrée à l’art contemporain japonais, « Facts of life » (les choses de la vie) regroupe sous un titre sobre différentes générations.
De Yayoi Kusama à Shimabuku, en passant par Araki, vingt-six artistes offrent une vision apaisée de l’archipel.
LONDRES (de notre correspondante) - Si les pratiques, de la peinture à la vidéo, considérées par “Fact of lifes” sont aussi diverses que les thèmes qui en émergent (engagement social, aliénation et nature fugace du monde physique), la majorité des œuvres présentées dégagent une sensation de magie naturelle, et ce, même dans l’environnement urbanisé de l’archipel japonais. Ainsi, plusieurs artistes travaillent autour de la lumière, du paysage, et du temps : les sténopés de Ryuji Miyamoto réalisés dans des abris en contreplaqué tapissés de papier photographique ; la projection de Tatsuo Miyajima qui montre des chiffres digitaux s’égrenant de neuf à zéro ; la vidéo kaléidoscopique de Shigenobu Yoshida avec ses paysages anglais filmés à travers un prisme depuis un train. Mettant en scène des bols d’eau et des miroirs, Shigenobu Yoshida projette, lui, des arcs-en-ciel sur des bâtiments et des gens. Quant à la photographie agrandie de la pile de tulipes rouges géante de Yukio Nakagawa, elle trouve un pendant dans les fleurs en bois sculptées que Yoshihiro Suda a pris soin de disposer dans tout le bâtiment.
À l’image de ces deux dernières œuvres, certaines pièces donnent l’impression d’agir en tandem. Si les photographies de Nobuyoshi Araki documentent les activités pratiquées à Tokyo avec des images qui paraissent aléatoires, les clichés de Tomoko Isoda illustrent des moments d’inactivité à travers une vue sur une fenêtre fermée par des rideaux ou sur un tas de briques abandonnées. Song of a Manhattan Suicide, vidéo de Yayoi Kusama, montre l’artiste en train de réciter un poème face à la caméra. Une atmosphère solennelle qui ne peut que contraster avec le fragment d’humour noir présenté dans le film réalisé conjointement par Tadasu Takamine et Masashi Iwasaki. Là, dans une scène qui n’est pas sans rappeler les films muets, une femme couchée sur le toit d’un train à grande vitesse essaie en vain de maintenir sa jupe qui flotte au vent de manière incontrôlée. Plus vaste exposition londonienne consacrée à la création contemporaine nippone, “Facts of life” a pris soin de produire des œuvres spécialement pour l’occasion, à l’image des portraits grandeur nature de Yuji Watabe, directement dessinés au crayon sur le mur. Si la vidéo de Shimabuku, Then I decided to give a tour of Tokyo to the Octopus from Akashi (C’est alors que j’ai décidé de faire visiter Tokyo à la pieuvre d’Akashi), semble suggérer que la culture du manga a envahi la conscience de l’artiste, cela reste d’une façon douce et drôle, à la manière générale de cette exposition et de sa vision paisible du monde.
- FACTS OF LIFE, jusqu’au 9 décembre, Hayward Gallery, Belvedere Road, Londres, tél. 44 207 960 42 42, tlj 10h-18h, sauf mardi et mercredi 10h-20h, www.hayward-gallery.org.uk
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Les choses de la vie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°135 du 26 octobre 2001, avec le titre suivant : Les choses de la vie