Il faut reconnaître à Lee Bae, né en 1956 à Chung-Do (Corée du Sud) et représenté en France par les galeries Perrotin et RX, un grand mérite : son art zen est, depuis une trentaine d’années, rigoureux et cohérent.
Exploitant le charbon et le bois, il réalise, avec un vocabulaire réduit (formes noires et fonds blancs, ombre et lumière), des œuvres abstraites minimales qui attirent l’œil, indéniablement. Sous le commissariat du critique d’art Henri-François Debailleux, collaborateur du Journal des Arts, l’exposition de Lee Bae à la Fondation Maeght présente, sans être rétrospective, un large panorama de son travail (dessins, peintures, sculptures, installations), depuis 1990. Le plus étonnant ici est de découvrir, à côté de ses réalisations désormais bien identifiées – les tableaux de charbon et les peintures calligraphiques –, des pièces bien plus inattendues, telles que ses magnifiques dessins au fusain des années 1990-2000 représentant des kakis séchés et des arbres noueux ou encore, dans la cour, ses grands « fagots » rencontrant poétiquement les pins de Saint-Paul. Tout est bien conçu ici ; les œuvres sont parfaitement maîtrisées, la scénographie épurée est en osmose avec la « zénitude » de la démarche, et le catalogue offre de jolis visuels des œuvres in situ. Pourtant, on peine parfois à entrer dans l’œuvre. Certes, c’est beau, harmonieux et radical, mais la charge spirituelle tant vantée, doublée d’une « force symbolique » qui viendrait d’une forte tradition coréenne, est-elle si manifeste que cela ? Pas si sûr.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Les chemins de Lee Bae
