Sous le titre “L’École romaine, 1925-1945”?, le Pavillon des Arts propose un panorama de la création artistique dans la Ville éternelle à l’époque du fascisme, une exposition dont l’opportunité n’est pas pour le moins évidente.
PARIS. Les vingt-quatre artistes présentés au Pavillon des Arts ont tous travaillé à Rome entre les deux guerres. Seule cette particularité permet de parler d’une "École romaine", qui n’a pourtant aucun fondement stylistique. En effet, les quatre-vingts peintures, la dizaine de sculptures et la soixantaine de dessins de l’exposition relèvent tour à tour du "réalisme magique" des années vingt, de l’expressionnisme de "L’École de Cavour", du "tonalisme" des années trente ou du réalisme sombre de la fin de ces mêmes années trente. Un regroupement éclectique, déjà pratiqué en décembre 1933 lors d’une exposition à la galerie Jacques-Bonjean, à Paris, par le critique d’art français Waldemar George, "fervent admirateur de la révolution fasciste", selon Gérard-Georges Lemaire, auteur d’un des textes du catalogue. La plupart de ces artistes ont d’ailleurs participé à la 1ère Exposition du Syndicat fasciste des beaux-arts du Latium, organisée par Oppo, secrétaire du Syndicat national des peintres, député au parlement et représentant de la corporation.La manifestation parisienne intervient alors qu’une exposition à Rome vient d’être consacrée aux relations entre les artistes et Mario Bottai, ministre de l’Éducation du régime mussolinien et soutien de “L’École romaine”. Un certain nombre de ces peintres sont également présentés aujourd’hui au Musée de Littoria, rouvert par le maire néo-fasciste de la cité. Aussi pouvons-nous légitimement nous interroger sur l’opportunité d’une telle exposition, même si Béatrice Riottot El-Habib, conservateur du Pavillon des Arts, estime “qu’il est intéressant de montrer ces artistes au public français, qui ignore souvent les mouvements étrangers”, tout en se retranchant derrière un accord entre les municipalités de Rome et de Paris. Pourtant, affirmer comme le fait Lemaire que dans la Rome fasciste, "si l’on met entre parenthèses l’exclusion des artistes d’origine juive, la situation ne change pas fondamentalement", relève d’une conception de la liberté et de l’histoire pour le moins étonnante. Ce type d’affirmation laisse malheureusement la porte ouverte à toutes les récupérations.
L’ÉCOLE ROMAINE, 1925-1945, jusqu’au 25 janvier, Pavillon des Arts, Les Halles, porte Rambuteau, terrasse Lautréamont, 75001 Paris, tél. 01 42 33 82 50, tlj sauf lundi et jours fériés 11h30-18h30. Catalogue Paris-Musées, 245 F.
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Les artistes de la Rome fasciste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Les artistes de la Rome fasciste