Comme s’il avait voulu prendre à contresens la langue française et cette idée d’Arlésienne toujours invisible, dès lors qu’il a découvert la Provence, Picasso n’a cessé de nous montrer des figures d’Arlésiennes. De 1912 à 1958, il a brossé le portrait d’une vingtaine de ces femmes emblématiques de cette région de France depuis le XVIIe siècle, dont l’allure, l’élégance et la richesse colorée ne pouvaient échapper à l’attention du peintre espagnol. Comme elles n’échappèrent d’ailleurs pas à Van Gogh, à Gauguin ou à Monticelli. En 1912, Picasso est en pleine période cubiste et la géométrie du costume des Arlésiennes ne peut que le retenir. Elle est l’occasion pour lui de vérifier que son vocabulaire plastique peut s’adapter à tous les sujets. Au fil du temps, quand advient l’aventure surréaliste, les figures d’Arlésiennes s’éclatent dans une composition plus irrationnelle. Plus tard, après la guerre, Picasso reprend à plusieurs reprises le thème. L’été 1958, le portrait qu’il brosse entre autres de Jacqueline, sa nouvelle compagne, exécuté au Ripolin et plumes de pigeon, affublant celle-ci de la coiffe obligatoire témoigne de son goût du pittoresque et de l’expérimentation. Intitulée « Portraits d’Arlésiennes », l’exposition de la fondation Van Gogh ne réunit pas seulement la quasi-totalité des œuvres qu’a réalisées Picasso mais aussi certains tableaux de Gauguin et de Monticelli. La documentation photographique qui l’accompagne, qu’elle soit de l’époque surréaliste avec Lee Miller, Man Ray, Dora Maar ou des années 1950 avec André Villers et Lucien Clergue, agrémente judicieusement la présentation de cet ensemble de toiles singulières, pleines de vie et d’invention.
« Portraits d’Arlésiennes », ARLES (13), fondation Vincent Van Gogh, palais de Luppé, 24 bis rond-point des Arènes, tél. 04 90 49 94 04, 7 juillet-17 octobre.
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Les Arlésiennes de Picasso
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°571 du 1 juillet 2005, avec le titre suivant : Les Arlésiennes de Picasso