Alexandra Bachzetsis est de retour au Centre culturel suisse avec une création protéiforme, convoquant performance, danse, installation et livre d’artiste qui composent les différentes facettes de An Ideal for Living, décryptage corrosif des ambivalences qu’engendre la société consumériste.
Divers objets achetés sur Internet sont soigneusement agencés au sol et constituent l’étrange panoplie d’un mystérieux agent, lorsqu’ils ne sont pas mis en scène et détournés dans les deux performances filmées telle A Manual for Desire, où le corps de l’artiste aux attributs féminins exacerbés enchaîne les rebonds sur un matelas de gymnastique surgonflé, amplifiant leur intensité de façon éminemment suggestive. Sur la vidéo qui lui fait face, activée en alternance pour ménager les sensibilités, une fille et un garçon de 13 ans, à la ressemblance androgyne troublante, s’ennuient sur des tapis d’entraînement, échangent leurs vêtements et chantent sur des chansons issues de la culture populaire qu’ils écoutent avec un casque. Moins évidente, la connotation sexuelle n’en est pas moins forte. Jeux troubles sur la distinction physique entre masculin et féminin, mais aussi sur la dangereuse banalisation du rapport au corps et au désir, puisque l’adolescent chante avec une neutralité déconcertante des paroles pourtant très osées. Si le caractère équivoque d’objets et de comportements est perceptible, le lien entre les différents éléments de An Ideal for Living reste flou, altérant la clarté du propos de certaines œuvres.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Les ambiguïtés d’Alexandra Bachzetsis