L’envoûtement des idoles et des icônes

C’est un condensé du propos de ses douze expositions qui prévaut actuellement dans les espaces du Centre Wallonie-Bruxelles, lieu d’accueil fidèle depuis cinq ans de cette biennale qui fait la part belle autant à la photographie qu’à la vidéo, aux installations ou à l’art numérique. La sélection de travaux et l’accrochage d’Anne-Françoise Lesuisse entre ses murs renvoient également à son désir de porosité entre les travaux d’auteur, particulièrement bien articulés ici. Les regards d’enfants ou d’adultes captés par les jeux vidéo du film Immersion de Robbie Cooper font écho à l’emprise visuelle des tableaux vivants des meetings nord-coréens photographiés par Philippe Chancel et aux images glaçantes de Cyril Porchet de salles vides de meeting de multinationales. Damien Hustinx réduit de son côté la starlette à un tableau abstrait de pixels, tandis que Sophie Langohr éprouve les codes de représentation des corps véhiculés dans la publicité en distillant le trouble par le froissé du papier. La question des pouvoirs de la religion ou de la spiritualité développe en seconde partie une autre quantité de signifiants et de signifiés, dont se joue notamment l’installation subversive des gestuelles du squelette de Ronald Dagonnier et la puissante Cène solaire du Russe Raoef Mamedov composée d’acteurs trisomiques.