Ville martyre détruite pendant la Première Guerre mondiale, Lens ne pouvait pas passer outre les commémorations du centenaire de 14-18.
« Nous ne voulions cependant pas nous cantonner à une exposition historique sur cette période, explique Xavier Dectot, directeur du Louvre-Lens, mais proposer une approche inédite et transversale de l’art en période de conflit. » La manifestation affiche ainsi un propos très ambitieux : retracer deux siècles de représentation de la guerre à travers quatre cent cinquante peintures, gravures, photographies, films et objets réalisés, des campagnes napoléoniennes aux conflits récents. Le XIXe siècle marque en effet un tournant, une rupture irrévocable : la geste martiale héroïque cède alors le pas à un regard désenchanté sur les affrontements et leurs conséquences. Jusque-là perçue comme un mal nécessaire, la guerre devient, avec l’avènement de l’individu et les idéaux de la Révolution, synonyme de gâchis insupportable. Géricault et Goya ouvrent les hostilités, aux soldats romantiques désemparés sur le champ de bataille du premier fait écho la célébrissime série de gravures des Désastres de la guerre de l’Espagnol. Une vision d’une extrême noirceur qui, comme le montre brillamment l’exposition, bouleverse des générations d’artistes. L’histoire déroule ensuite son implacable litanie de conflits. « Nous souhaitions montrer que chaque guerre impose de nouvelles politiques de représentation s’appuyant notamment sur l’invention technologique », résume Laurence Bertrand Dorléac, commissaire de l’exposition. Cette histoire sanglante voit ainsi se succéder des témoignages picturaux, graphiques puis photographiques, à partir de la guerre de Crimée, et enfin cinématographiques à compter de la der des ders. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’exposition se montre passionnante et didactique, mettant en exergue des conflits occultés, à l’image des guerres de conquête, et rendant hommage à de talentueux artistes restés dans l’ombre, à l’instar de Betsellère ou de Groux. Dommage que la fin du parcours manque d’œuvres majeures et perde de son souffle et de sa clarté.
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Lens, dans la poudrière de l’Histoire
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Abonnez-vous dès 1 €Musée du Louvre-Lens, 99, rue Paul-Bert, Lens (62), www.louvrelens.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Lens, dans la poudrière de l’Histoire