L’ébouriffante galaxie des Bruegel

Le Musée du Brabant-Septentrional à Den Bosch (Bois-le-Duc) dresse en effet pour la première fois la totalité de l’arbre généalogique de la plus célèbre famille de peintres, un arbre dont les ramifications englobent cinq générations ! L’exposition s’affranchit de la question des liens du sang pour envisager une filiation plus large, qui inclut les « pièces rapportées », comme les conjoints qui ont œuvré à part entière à la gloire de cette firme hors du commun. On pense évidemment à David Teniers qui, outre son talent d’artiste, a aussi servi la PME en tant que conservateur de la collection de l’archiduc de Bruxelles et comme fondateur de l’Académie d’Anvers. Car, dans cette entreprise, chacun, et chacune, travaille à la renommée de la marque. Même ceux qui ne peignent pas, comme Clara Eugenia Bruegel, qui réseauta vigoureusement pour « placer » les tableaux de la famille, notamment dans la collection du grand béguinage de Malines, dont elle était l’administratrice. Ce personnage est l’une des révélations de cette exposition riche de 80 œuvres triées sur le volet, qui reconstituent cette époustouflante galaxie. L’autre grande réussite de ce projet, c’est de sortir du débat sur les attributions qui plombe généralement les monographies consacrées aux Bruegel. Enfin, le dernier atout de cet événement, c’est son accrochage formidable, aussi clair que poétique. La section centrale, qui présente les pépites de la famille de part et d’autre d’une série de cabinets de curiosités, constitue un modèle du genre de l’exposition érudite et accessible. Mieux que de longs discours, ce dispositif permet de comprendre comment les peintures des Bruegel & Cie étaient exposées chez les particuliers, et en quoi leurs compositions étaient pensées pour se fondre dans un environnement culturel et susciter un savoureux ping-pong intellectuel sur lequel la marque a prospéré pendant un siècle et demi !