PARIS
Couleurs - Les amoureux de la peinture moderne l’attendaient de pied ferme, car cela fait vingt ans que le roi de la couleur n’avait pas eu les honneurs d’une rétrospective parisienne.
Objectif rempli : c’est tout simplement l’une des meilleures expositions de la rentrée. Même le visiteur le plus pointilleux aura bien du mal à trouver à redire à cette rétrospective magistrale. Accrochage impeccable, sélection des œuvres au cordeau et un discours profondément dépoussiéré. Le parcours de l’exposition est limpide : un cheminement chronologique qui permet d’appréhender les différentes étapes de la carrière de Nicolas de Staël. Et surtout qui fait l’économie de la dramatisation à outrance. Un tour de force quand on s’attaque à une légende dont le suicide à 41 ans et au sommet de sa gloire a façonné la réception critique et l’historiographie. Longtemps, on a en effet uniquement abordé son travail par le prisme du « prince foudroyé » ; une approche très limitative qui a sacralisé sa peinture, mais a empêché de l’apprécier à sa juste valeur. Le propos est ici tout autre : montrer l’incroyable trajectoire de cette comète née dans une famille aristocratique à Saint-Pétersbourg et qui a su forger un univers d’une incroyable force plastique. En une quinzaine d’années à peine, de Staël n’a ainsi cessé de créer, de se chercher et de se réinventer. Cette quête picturale se raconte à travers 200 œuvres choisies avec justesse. Les commissaires ont su débusquer de véritables pépites, pour beaucoup d’entre elles en mains privées. Un quart des pièces présentées n’avait par exemple jamais été montré en France. Cette sélection offre un équilibre maîtrisé entre les incontournables et les découvertes hautes en couleur. La rutilante série des paysages de Sicile embrase ainsi durablement la rétine. Toutefois, la vraie révélation, ce ne sont pas les tableaux, aussi flamboyants soient-ils, mais, contre toute attente, les dessins. Qui se doutait en effet que ce coloriste hors pair avait un coup de crayon d’une virtuosité sidérante ? Un véritable électrochoc.
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Le tsar Nicolas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Le tsar Nicolas