Le tour du monde de Stéphane Couturier

De série en série, l’artiste a inscrit une vision du monde qui, des tours d’habitation (série Monuments) aux Landscaping de Tijuana, San Diego… et Melting Point sur la ville de Chandigarh ou Brasilia (sa dernière série), tend de plus en plus à brouiller notre regard, à fragmenter le sujet, à le confondre. « Avec un souci grandissant d’expérimentation sur l’image », note Philippe Piguet commissaire de cette exposition [et collaborateur de L’œil] qui, au travers d’une trentaine d’œuvres réalisées ces dix dernières années (dont deux vidéos), met en exergue cette évolution vers une « abstraction figurative ».

Réalisation à la chambre, frontalité au sujet et grand format en couleurs, le protocole toutefois demeure. Façades d’immeubles, centres historiques, périphéries urbaines, sites industriels, maisons individuelles, chantiers ou usine : la traversée de salle en salle absorbe le visiteur, le déborde et l’entraîne de Moscou, La Havane, Chandigarh, Tijuana… à Brasilia à percevoir divers éléments, à en relever les strates, les temporalités et les ambiguïtés multiples. La dernière salle ceinturée par une bande photographique sur Alger entrouvre à des images inédites et à une installation peuplée d’une multitude de matières presque abyssales qui interroge sans jamais imposer un seul point de vue.