En hommage à un Marcel Proust qui « ouvrit le siècle » en exprimant une nouvelle sensibilité du temps, plus de 300 œuvres sont réunies dans une exposition au thème ambitieux. Ce n’est pas tant la figure de l’écrivain qui en est l’objet mais la démarche originale de son œuvre majeure, À la Recherche du temps perdu. Jusque dans sa muséographie, « Proust, l’écriture et les arts » entend restituer la disposition à la « coïncidence des arts ». Ce trait caractéristique de l’écriture de Proust se révèle tout d’abord dans la structure globale de La Recherche : l’image de la cathédrale, inspirée par la lecture de l’historien de l’art anglais John Ruskin, y transparaît fréquemment en tant que modèle d’un savoir total. Un savoir stratifié et rendu composite au fil du temps, dépositaire d’une mémoire menacée par la restauration archéologique « à la Viollet-le-Duc », comme le précise volontiers l’écrivain. Certains de ses personnages, le peintre Elstir, le musicien Vinteuil, en particulier, deviennent quant à eux le support d’un regard subjectif sur l’art de son temps, qui déclare sans détour son penchant pour l’impressionnisme. Enfin, c’est un imaginaire visuel qui, dans La Recherche, transforme la perception du réel par le filtre de l’art : personnages comparés à des tableaux, paysages évoqués à la manière d’un aquarelliste posant ses couleurs par touches successives. L’exposition se propose avant tout de reconstituer le « musée imaginaire » de Proust. Les commissaires n’ont pas renoncé néanmoins à l’évocation du « contexte historique », en convoquant avec force les éléments de la modernité, dans le domaine technique et dans les arts (cubisme et futurisme), auxquels l’écriture de Proust fait pourtant contrepoint. Sans doute est-ce là une manière d’interpréter son œuvre comme une expression autre, nostalgique et tempérée, de cette modernité.
PARIS, Bibliothèque Nationale, jusqu’au 9 février. À lire : Proust, l’écriture et les arts, Bibliothèque Nationale/RMN/Gallimard, 304 p., 350 F. Jérôme Picon, Marcel Proust, écrits sur l’art, éd. Garnier-Flammarion, et Passion Proust, album d’une vie, éd. Textuel, 216 p., 295 F. Marcel Proust, la Figure des pays, textes de Nadine Beauthéac, éd. Flammarion, 128 p., 198 F.
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Le siècle Proust
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Le siècle Proust