La Whitechapel Art Gallery organise la première grande exposition personnelle de la jeune artiste britannique Cathy de Monchaux, aux œuvres précieuses et ambiguës, troubles et sensuelles.
LONDRES. Cathy de Monchaux, sculpteur de trente-sept ans, doit sa réputation de "créatrice d’objets érotiques" à la nature de ses œuvres. Dans son essai pour le catalogue de l’exposition, la critique d’art Louisa Buch les compare à des chimères. À la fois insolites et évoquant des formes connues, ses sculptures suscitent des comparaisons anthropomorphiques et sexuelles, tout en restant abstraites. Certaines s’enroulent sur les murs, d’autres se lovent dans des coins ou émergent du sol comme des totems balafrés. D’autres encore ressemblent à des créatures fossilisées surgissant de crevasses invisibles. Toutes sont faites de matériaux sensuels : cuir, soie, velours ou rubans retenus par des agrafes de métal en forme de mains et évoquant la chair dans des poses provocantes. Les pièces exposées à la Whitechapel Art Gallery sont plus dures, plus viscérales. "Mes œuvres sont paisibles, mais je veux que lorsqu’on s’en approche, elles deviennent explosives, explique-t-elle. Dans mon travail de ces trois dernières années, j’ai cherché à approfondir cet aspect de la séduction, à intensifier sa dimension dramatique, plus sur le plan psychologique que sexuel". Cathy De Monchaux parle de son exposition comme d’une "architecture de rêve". Les objets, saupoudrés de blanc, ont un air intemporel et envoûtant qui dissuade de s’interroger sur le moyen et l’époque de leur création. L’œuvre majeure présentée ici est le Confessionnal en verre, une énorme structure commandée par le Goodwood Sculpture Park et dévoilée à l’occasion de l’exposition. "C’est une pièce en verre dont les murs sont peints en blanc et à l’intérieur de laquelle on aura, je l’espère, l’impression de se trouver dans un tableau", explique de Monchaux. Deux personnes peuvent y entrer, chacune par un côté différent, et s’allonger sur un canapé, séparées l’une de l’autre par un écran de métal. "Cet aspect peut avoir une connotation religieuse, mais l’œuvre n’évoque que ce l’on veut y trouver. Ce qui m’intéresse, c’est de monter un scénario, de créer une atmosphère dans laquelle les gens viendront s’asseoir pour y tenir une conversation particulière. D’autres y placeraient un magnétophone. Ce n’est pas le voyeurisme qui m’intéresse ici, mais plutôt l’idée romantique de deux personnes partageant un espace intime", conclut-elle.
CATHY DE MONCHAUX, jusqu’au 27 juillet, Whitechapel Art Gallery, Whitechapel High Street, Londres, tél. 44 171 522 7888, tlj sauf lundi 11h-17h, mercredi 11h-20h.
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Le show de Monchaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : Le show de Monchaux