C’est à s’y perdre, car l’homme est multiple et l’artiste pluriel. Il a un prénom – sans fin – et un nom – comme un prénom : Jean Ignace Isidore Gérard. Il a une vie, très brève (1803-1847), et une œuvre, trop courte.
Il a un pseudonyme – Grandville – comme un masque. Il a des dons, à vendre, et du talent, à revendre. Caricaturiste et saltimbanque, railleur et farceur, clown triste et paillasse, le Nancéien excella à traduire par des vignettes mordantes les fabliaux acides et les fables amères, les comédies humaines où se jouent et se déjouent tant de mondes.
Du reste, c’est moins au caricaturiste qu’à l’illustrateur que le Musée du temps consacre une exposition intelligente en dévoilant nombre de dessins originaux que Grandville réalisa pour son ultime chef-d’œuvre, Un autre monde. L’ouvrage, paru en 1844, atteste un sens absolu de l’imagination et de la vitupération. Entre Callot et Goya, avant Klinger et Ernst, on y trouve tout, de tout : des automates échevelés, des animaux débraillés, des hommes naturalisés, des ménines de trottoir… Le texte, écrit par Taxile Delord d’après les divagations de Grandville, est à la mesure de l’univers qui peuple la cervelle du second : sans queue ni tête. Foisonnante, volontiers baroque, la scénographie de l’exposition rend justice à ces illustrations, de celles qui hantent les songes biscornus des enfants et des adultes. Ces derniers eurent pour noms Redon, Breton ou Méliès. À s’y perdre…
Musée du temps, palais Granvelle, 96, Grande Rue, Besançon (25), tél. 03 81 87 81 50.
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Le rêve sans les brides
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : Le rêve sans les brides