Le retour de Crayer, grand peintre flamand

Pendant deux siècles, Gaspar de Crayer (1584-1669) fut célèbre. Puis, à partir de 1860, tomba dans l’oubli. À voir ces portraits de cour (Philippe IV d’Espagne) exécutés au début de sa carrière, où chaque détail joue son rôle, on s’étonne d’une telle mise à l’écart. Même interrogation devant les scènes religieuses conçues au service de la Contre-Réforme, où le moindre élément concourt à l’harmonie et à la dynamique de la composition. On voit que Crayer sut assimiler les influences rubéniennes et vénitiennes, créant ainsi son propre style, d’abord maniériste, raffiné, voire sentimental, puis audacieux et libéré par une inventivité accrue et une touche enlevée. Le Martyre de sainte Catherine, venu du Musée de Grenoble, s’impose par l’équilibre des personnages, la force des couleurs, l’unité de la narration. Les œuvres présentées permettent de mesurer l’amplitude de son registre, Crayer étant aussi à l’aise dans les tableaux d’oratoire que dans les modelli où en quelques traits et des rehauts économes, il donne vie et épaisseur aux épisodes évangéliques. Une des sections traite de l’atelier très productif qui entoura Crayer, preuve de son renom. Au terme de la visite, on est séduit par ce – presque – inconnu.