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Le retable avant Grünewald

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2009 - 582 mots

À travers une approche aussi érudite que pédagogique, le Musée du Louvre se penche sur l’origine de ces « murs de scène ».

PARIS - S’appuyant sur des éléments originaires de l’abbaye de Saint-Denis et entrés dans ses collections à la fin du XIXe siècle, le Musée du Louvre, à Paris, propose une réflexion sur les origines du retable, sujet relativement peu étudié en ce qui concerne le territoire français. Comme le souligne le commissaire de la manifestation, Pierre-Yves Le Pogam, conservateur au département des Sculptures du musée, l’histoire des retables est trop souvent assimilée aux seules pièces de la fin du XVe et du début du XVIe siècle, c’est-à-dire à ces grands panneaux peints signés Van Eyck, Grünewald ou Mantegna regroupés sous le terme général de « polyptyque ». Pour mettre à mal cette « vision faussée du retable », Pierre-Yves Le Pogam a volontairement mis l’accent sur la sculpture (en pierre, marbre, albâtre ou bois) et sur quelques pièces d’orfèvrerie ayant survécu au pillage. La démonstration débute au XIIe siècle, à la période romane, avec les premiers retables parvenus jusqu’à nous – l’origine exacte du retable remonte probablement avant l’an mil. Le parcours s’achève aux environs de 1400-1410, la période suivante appartenant à une histoire désormais connue. Il fait donc la part belle à la sculpture en s’appuyant sur les collections du Louvre, mais aussi sur un nombre important de prêts consentis par des églises ou des musées comme Cluny. Du Musée national du Moyen Âge, citons le retable de l’abbatiale de Saint-Denis qui vient compléter l’ensemble conservé au Louvre, ou encore La Pentecôte (1160-1170), remarquable exemple de l’art mosan témoignant de l’importance de l’orfèvrerie dans l’émergence du retable. L’espace confidentiel du lieu d’exposition (l’entresol de l’aile Richelieu) se prête parfaitement au sujet. La présentation des œuvres est à la fois érudite et accessible à tous grâce à des outils pédagogiques particulièrement soignés. Sur un mode chronologique, le parcours reprend les grandes étapes du développement du retable, en n’omettant pas d’évoquer les points sur lesquels la recherche bute aujourd’hui encore. Impossible en effet de s’expliquer précisément la naissance de cette structure étroitement liée à l’autel et aux images diffusées par le culte chrétien, comme le souligne Pierre-Yves Le Pogam dans le catalogue. « Dès les origines, le retable tel qu’en lui-même se présentait comme un mur de scène en avant duquel se déroulaient les principaux actes de la liturgie et dont le décor figuré ou historié reflétait et amplifiait les significations de celle-ci », y précise-t-il. À l’instar du petit triptyque en ivoire figurant des Scènes de la vie, de la mort et du couronnement de la Vierge (1315-1335), et des fragments d’un retable de la Passion et de la Résurrection conservé à l’église Saint-Rémi à Mareuil-en-Brie (Marne), les pièces réunies révèlent la complexité et la grande variété de ces retables. Le commissaire les a néanmoins classés selon deux grands groupes : le retable-tabernacle et le grand retable à structure rectangulaire allongée. La fusion de ces deux éléments donnera naissance par la suite aux fameux grands retables à volets. Le début d’une autre histoire.

LES PREMIERS RETABLES. UNE MISE EN SCÈNE DU SACRÉ, jusqu’au 6 juillet, Musée du Louvre, aile Richelieu, 75001 Paris, tél. 01 40 20 53 17, www.louvre.fr, tlj sauf mardi 9h-18h et jusqu’à 22h les mercredis et vendredi. Catalogue, coéd. Louvre/Officina Libraria, 280 p., 38 euros.

LES PREMIERS RETABLES
Commissaire : Pierre-Yves Le Pogam, conservateur au département des Sculptures du Musée du Louvre
Nombre d’œuvres : 51

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Le retable avant Grünewald

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