Il y a cent cinquante ans, Les Fleurs du mal paraissent pour la première fois. L’artisan de cette édition est l’imprimeur alençonnais Auguste Poulet-Malassis (1825-1878). Ayant fréquenté Baudelaire dans la bohème parisienne, il décide de publier un brûlot dont le titre originel et licencieux embaume de parfums capiteux bien loin de l’eau de rose : Les Lesbiennes. Car l’ouvrage mis en vente le 25 juin 1857 ne compte pas fleurette mais des fleurs maladives où l’« amour [est] fait pour donner à boire à ces cruelles filles »…
La bibliothèque d’Alençon revient sur cette parution insigne et présente deux cents documents étayant cette prestigieuse collaboration. Autographes, livres et gravures donnent à voir l’audace de Poulet-Malassis qui ose sortir, malgré les avertissements et le récent scandale de Madame Bovary, mille cent exemplaires sur papier d’Angoulême. Si la justice pudibonde de Napoléon III condamne ces « offenses à la morale publique », Victor Hugo s’enthousiasme pour ce « frisson nouveau ».
Condamné, ruiné et réfugié en Belgique, l’éditeur mise sur son « incorrigible gaieté » et sur le talent du même Baudelaire dont il publie à Amsterdam Les Épaves. Le temps a passé. Les Fleurs ne sont pas fanées. Plus de cent nouvelles éditions ont paru dont aucune n’a égalé celle de 1857, véritable nectar bibliophilique, mauvaise herbe aujourd’hui couronnée de lauriers après que son éditeur et son auteur ont été réhabilités par la Cour de cassation le 31 mai… 1949.
« Auguste Poulet-Malassis et Charles Baudelaire, 150 ans de l’édition des Fleurs du mal, Alençon 1857-2007 », église des Jésuites, rue du Collège, Alençon (61), tél. 02 33 82 46 00, jusqu’au 14 octobre 2007.
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Le premier bouquet de Baudelaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°593 du 1 juillet 2007, avec le titre suivant : Le premier bouquet de Baudelaire