Le pop en héritage

Cet arrêt sur image du film Dracula de Tod Browning, vision vampirique du glamour hollywoodien, est l’une des premières sérigraphies du maître de la Factory. Très identifiable aussi, cette pièce de la période « comics » de Roy Lichtenstein, avec sa trame de points exécutée au pochoir afin de reproduire l’esthétique d’une image industrielle (Vicki I… I Thought I Heard your Voice!, 1964). Procédé dont on retrouve l’écho dans Le Déjeuner sur l’herbe d’Alain Jacquet, qui applique l’effet blow up d’agrandissement à l’image rémanente de la fameuse toile de Manet. Le pop art fit en effet des émules en France, comme le montrent également une photographie repeinte de Martial Raysse (Sans titre, 1964) ou l’extrait du film Pierrot le Fou, de Godard, diffusé en début de parcours. Mais l’exposition postule surtout que, au-delà d’un mouvement né à la fin des années 1950, le pop est un esprit qui perdure. Ainsi de la photographie d’une performance de Maurizio Cattelan dans laquelle l’artiste, grimé en Picasso, accueille bras ouverts les visiteurs du MoMA, à New York, à la façon d’un personnage de Disneyland, suggérant que le musée n’est qu’un vaste parc d’attractions. Ou encore avec ces portraits de Sylvie Vartan inspirés à la peintre Nina Childress par l’idole des années yéyé, le pop se regardant alors dans le miroir du kitsch, preuve qu’il n’a rien perdu, à travers ses avatars, de son acidité.