Art moderne

XIXE-XXE SIÈCLES

Le paysage, champ d’expérimentation impressionniste

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2024 - 520 mots

À Tourcoing, Monet est le fil rouge d’un survol didactique du mouvement impressionniste, et de ses héritiers.

Tourcoing (Nord). Dans le cadre du prêt par le Musée d’Orsay de 180 œuvres pour célébrer les 150 ans de l’impressionnisme, le MUba Eugène-Leroy s’est vu attribuer le plus gros lot : 58 paysages, dont certains très célèbres et d’autres sortis des réserves pour l’occasion. Les commissaires, Mélanie Lerat et Paul Perrin, ont construit un parcours très didactique. Il commence par les prémices de l’impressionnisme qui se décline ensuite en salles thématiques. Puis, après un espace immersif présentant les séries de Claude Monet – avec neuf œuvres présentées, le peintre est le fil rouge de l’exposition –, le visiteur découvre les successeurs des impressionnistes.

Charles François Daubigny ouvre le parcours avec le grand tableau Moisson (1851), acheté par l’État en 1853. Des petites études à l’huile de Paul Huet, la toile Étang aux environs de Morestel (vers 1875) de François Auguste Ravier et des œuvres de Johan Barthold Jongkind et Eugène Boudin complètent ce choix. Puis apparaît Monet avec Cour de ferme en Normandie (1863). On le retrouve dans l’espace « Au fil de la Seine » au côté de Camille Pissarro et Alfred Sisley. Sur le thème des jardins, Arbre en fleurs (1882) de Gustave Caillebotte, et Pont du chemin de fer à Chatou (1881) et Champ de bananier (1881) d’Auguste Renoir, sont les seuls tableaux de ces peintres montrés dans l’exposition.

Monet fait son retour à propos de « La campagne et les saisons » avec Le Givre (1880) dont l’éclairage zénithal uniforme des salles du MUba écrase un peu la délicatesse des tons. Pissarro et Sisley sont les mieux représentés ici et c’est dans la section suivante, « Impression, sensation, émotion » qu’est véritablement célébré Monet dont on peut voir Meules, fin de l’été (1891) et une toute récente acquisition du musée, Sur la falaise de Dieppe (1897), qui illustre bien la dissolution progressive du motif dans son œuvre. Rochers près des grottes au-dessus de Château-Noir (vers 1904) de Paul Cézanne offre une transition avec les espaces suivants consacrés aux artistes qui ont dépassé l’impressionnisme.

Divisionnisme, synthétisme

Un ensemble d’œuvres de Georges Seurat, Paul Signac, Henri Edmond Cross et Théo Van Rysselberghe illustre l’apparition du divisionnisme puis Paul Gauguin (dont un cartel cite la fameuse phrase « l’art est une abstraction »), Paul Sérusier, Émile Bernard et Piet Mondrian permettent d’aborder le synthétisme. Odilon Redon et les nabis sont réunis sous le titre « La couleur et le rêve ». La petite salle est spectaculaire : y sont accrochées côte à côte Tache de soleil sur la terrasse (1890) de Maurice Denis et Clair de lune (vers 1895) de Félix Vallotton et, sur un autre mur, Fuite en Égypte et Le Chemin à Peyrelebade (non datés) de Redon. En fin de parcours, le Saule pleureur (1920-1922) de Monet voisine avec L’Homme au printemps rouge (1990) d’Eugène Leroy. Dans le catalogue, Mélanie Lerat note que « la dissolution du motif, la recherche obstinée de la lumière dans la couleur peinte, l’immersion dans la peinture-matière rapprochent ces deux œuvres ». Un choix parmi les paysages conservés au MUba offre un intéressant contrepoint à l’exposition.

Peindre la nature. Paysages impressionnistes du Musée d’Orsay,
jusqu’au 24 juin, MUba Eugène-Leroy, 2, rue Paul-Doumer, 59200 Tourcoing.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : Le paysage, champ d’expérimentation impressionniste

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