musée

Le parfum sulfureux de Fred Holland Day

L'ŒIL

Le 1 juin 2001 - 255 mots

Issu d’une famille aisée de Boston, Fred Holland Day (1864-1933) se fait connaître très tôt pour ses folies de collectionneur de manuscrits et de souvenirs du poète John Keats. Associé à Herbert Copeland, il fonde, en 1903, la célèbre maison d’édition Copeland & Day qui perpétue, grâce au talent du maquettiste Bertram Grosvenor Goodhue, le style de la Kelmscott Press de William Morris. Sous la devise Sicut lilium inter spinas (comme un lys parmi les épines), il publie en quelques années plus de 200 titres, dont la première édition de la revue symboliste The Yellow Book, la version illustrée par Aubrey Beardsley de la Salomé d’Oscar Wilde et les poèmes de Dante Gabriel Rossetti. Membre influent du groupe bostonien des Visionists, c’est par son intermédiaire que des personnalités aussi diverses que Coburn, Käsebier, Steichen et Seeley se regroupent autour des idées symbolistes. Pour Fred Holland Day, dandy réputé, proche de l’attitude superbement dépeinte dans la figure décadente de Des Esseintes, la photographie d’art ne doit pas se résumer à la simple expression d’une élégance spirituelle et d’une culture raffinée. Elle doit avant tout servir à illustrer sa révolte face au style de vie de ses contemporains, qu’il juge souvent médiocres et trop étriqués. Et c’est dans ce sens qu’il nous faut aujourd’hui regarder ses nombreuses séries de photographies de jeunes éphèbes à la troublante nudité, qui respirent, les yeux clos, le parfum sulfureux d’un pavot artificiel ou déjà fané.

- AMSTERDAM, Van Gogh Museum, Paulus Potterstraat 7, tél. 31/20 570 52 00, 20 avril-24 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : Le parfum sulfureux de Fred Holland Day

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