Le mythe babylonien, de l’Antiquité au cinéma

L'ŒIL

Le 23 avril 2008 - 481 mots

Conçue en étroite liaison avec la section historique, la deuxième partie de l’exposition interroge les mille et une facettes du mythe babylonien à travers les siècles. Très vite, l’image d’une ville double, grandiose et maléfique tout à la fois, se met en place.

Si les auteurs de l’époque classique – dont Hérodote et Strabon – exaltent avec lyrisme les splendeurs architecturales de la cité (les murailles et les jardins suspendus de Babylone sont dignes de figurer dans la liste des Sept Merveilles du monde !), la tradition biblique se montre bien plus sévère, dénonçant la destruction de Jérusalem en 598 et 587 avant notre ère, et la déportation de l’élite de Juda qui s’ensuivit. Pire ! De monarque idéal et vertueux, Nabuchodonosor II devient l’archétype du roi maudit…

Le projet de Saint-Pierre de Rome, un temps comparé à Babylone
Les pères de l’Église noirciront encore un peu plus le tableau : symbole des forces du Mal, Babylone apparaît dans bien des manuscrits médiévaux sous les traits de la Grande Prostituée assise sur le Dragon, tenant une coupe remplie de ses iniquités…
Bientôt se fait jour une identification entre Babylone et la Rome papale. Les deux villes ne sont-elles pas nées autour d’un projet architectural « monstrueux » ? Sous la plume des écrivains de la Réforme, le chantier de la basilique Saint-Pierre renvoie ainsi aux pires excès babyloniens…
Magnifiée par le pinceau des plus grands maîtres, la représentation de la Tour oscillera alors entre deux pôles : incarnation métaphysique de l’orgueil humain chez Bruegel l’Ancien, elle se mue en exaltation d’un âge d’or révolu dans une magnifique gravure d’Étienne-Louis Boullée.
Épousant les progrès des recherches archéologiques au Proche-Orient, les mises en scène de théâtre puis d’opéra ressusciteront à leur tour une Babylone de carton-pâte, tantôt à la mode « égyptienne », tantôt à la sauce « assyrienne ». Il faudra cependant attendre le génie de Griffith, puis de Fritz Lang, pour redonner à la ville une allure plus conforme à sa réalité. Comme si le septième art avait enfin réconcilié l’Histoire et la légende…

Autour de l’exposition

Informations pratiques.
« Babylone », jusqu’au 2 juin 2008. Commissariat : B. André-Salvini et S. Allard. Musée du Louvre, Paris Ier. Ouvert tous les jours de 9 h à 18 h, le mercredi et vendredi jusqu’à 22 h, fermé le mardi et le 1er mai. Tarif : 9,50 euros. www.louvre.fr

B... comme Babylone.
Même enfouie dans les sables jusqu’à sa redécouverte en 1897, Babylone a continué d’alimenter l’imaginaire occidental. Le documentaire de Bernard Georges revient sur la fascination qu’a exercée la cité mésopotamienne sur les artistes, avant d’aborder sa réalité historique. Ce DVD, très pédagogique, est alimenté par les commentaires scientifiques de Béatrice André-Salvini et Sébastien Allard. Comme l’a fait remarquer une lectrice dans son courrier (L’œil, n° 601), seule la présence superflue d’une narratrice irakienne rend certains passages du film un peu mièvres (éd. Montparnasse, 15 euros).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°602 du 1 mai 2008, avec le titre suivant : Le mythe babylonien, de l’Antiquité au cinéma

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