Le monument aujourd’hui

« L’exposition s’interroge sur ce qui en perpétue aujourd’hui le souvenir dans l’espace public ; les vestiges et les monuments, à travers le regard des artistes contemporains », synthétise sa commissaire Barbara Forest. La manifestation développe particulièrement trois axes qui irriguent la création actuelle : la figure incontournable du blockhaus, la prégnance de l’image photographique et, enfin la notion de précarité et de l’obsolescence du monument. Elle accorde aussi une place franchement inintéressante à des plasticiens travaillant sur le détournement des objets témoins de la guerre dans une optique assez vaine. La sélection propose des œuvres inégales en intensité ; certaines se distinguent cependant par leur puissance visuelle et conceptuelle. Outre le surprenant inventaire photographique des bunkers suisses de Leo Fabrizio, et l’imparable démonstration de Liane Lang sur la rhétorique usée du monument, on retiendra particulièrement Table et lustre de Michel Aubry. Cette installation rassemble des objets recueillis par l’artiste dans l’Est de la France, datant de la Grande Guerre et portant les stigmates du conflit. Rouillés et criblés de balles, ces gourdes, seaux et autres barbelés ou obus sont disposés sur une table de fortune dont les pieds sont constitués de goupillons ayant servi à creuser des tranchées. Saisissant et émouvant.