Le cœur de Bamako va battre pour la photographie pendant un mois. La photographie africaine s’expose sans être exclusive puisque ces sixièmes rencontres ont invité l’Espagne à présenter ses talents.
Toutes les Afriques sont aux Rencontres de Bamako. Dans leurs diversités et leurs différences, du Mozambique à l’Algérie, du Soudan à la Côte d’Ivoire, de la Réunion au Burkina Faso, cent dix photographes pour plus de deux mille images.
Cette année, trois monographies très distinctes présentent le Malien Youssouf Sogodogo reconnu notamment à travers une série en noir et blanc très graphique de coiffures africaines, le photoreporter d’origine guyanaise Serge Jongué, et Dorris Haron Kasco, né en Côte d’Ivoire mais vivant à Montpellier. Sa série dite des Fous d’Abidjan, avec lesquels il passa trois années à capter leur présence dans un noir et blanc d’une grande dignité, a assuré jusqu’à présent sa réputation. À ces focus sur des œuvres et des hommes contemporains, il faut ajouter les hommages rendus à des photographes récemment disparus comme le documentariste zimbabwéen John Mauluka et le réunionnais Gilbert Albany dont le travail sur les archives photographiques de son île est exceptionnel. Hommage encore mais à un vivant, avec le « coup de chapeau » décerné au Malien Malick Sidibé dont l’objectif a capté la fougue de la jeunesse malienne des années 1960. À chaque rencontre, des prix sont décernés et le festival a décidé cette année d’exposer deux des lauréats de la précédente édition : Fatimah Tuggar, nigériane résidant à Indianapolis aux États-Unis et Emeka Okereke, tout juste vingt-cinq ans et déjà auteur d’une série à Lagos, sur les contacts, les rites entre homme et femme. Un noir et blanc détaché qui contraste avec les couleurs acidulées des photographies de sa compatriote.
Le noir et blanc est omniprésent à Bamako. Dans les monographies qui viennent d’être évoquées comme dans les expositions collectives et notamment celle plus historique et documentaire, une chronique du Soudan de 1935 à 2002, une des deux manifestations proposant de faire découvrir un pays d’Afrique. Une occasion unique de découvrir ce pays encore mystérieux en pendant d’un regard plus contemporain posé sur l’Algérie à travers neuf des ses photoreporters. Autre nation, invitée d’honneur, l’Espagne. À travers la sélection d’onze photographes, la péninsule ibérique s’offre un autoportrait sans concession, redécouvrant au passage la quête photographique de Virxilio Vieitiz, photographe dont la démarche dans les années 1950 n’est pas sans rappeler celle de Seydou Keita comme portraitiste au Mali.
Enfin, les Afriques triomphent dans l’exposition internationale qui regroupe seize pays africains et trente-six photographes. Qu’ils vivent ou non sur le continent, la question ne fait pas débat ici, ce sont leurs images qui comptent pour plonger au cœur d’une thématique pour le moins élastique, « l’autre monde ». Bamako offre le visage d’une création photographique foisonnante et d’une Afrique rayonnante. Il faudra attendre 2006 pour en saisir quelques bribes à la faveur de quelques expositions témoins de ces sixièmes rencontres.
« Un autre monde, 6e Rencontres africaines de la photographie », BAMAKO (Mali, Afrique), http://www.afaa.asso.fr, 10 novembre-10 décembre.
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Le monde en photo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Le monde en photo