En collaboration avec La Friche la Belle de mai de Marseille, le Musée international des arts modestes (Miam) de Sète expose, via l’intitulé « Heta-Uma » (qu’on peut traduire par l’art du « mal fait bien fait »), quarante ans d’avant-garde graphique japonaise.
À l’initiative des commissaires, Ayumi Nakayama (librairie Taco Ché, Tokyo) et Pakito Bolino, éditeur de la structure indépendante française Le Dernier Cri, trois générations d’artistes japonais témoignent du bouillonnement créatif issu de la contre-culture nippone. Le style « Heta-Uma », qui s’apparente à une sorte de pop art brut mêlant érotisme et gore, naît dès les années 1960 au sein de la scène underground manga afin de s’opposer à la perfection glacée de la culture japonaise traditionnelle. Hervé Di Rosa, cofondateur du musée, précise : « Mon premier voyage à Tokyo en 1984 fut une révélation et influença durablement mon travail : je découvris des créateurs marginaux souvent extrêmes et très sombres, comme King Terry Johnson. » Ce dernier, pionnier du milieu underground, est exposé au Miam parmi une pléiade de mangakas assumant pleinement les déviances de l’humain, trop humain ; on retiendra particulièrement les compositions psychédéliques de Keiichi Tanaami, annonciateur du pop acidulé d’un Murakami, ou encore les feuilles en noir et blanc de Daisuke Ichiba qui représente de petites écolières à la beauté tragique. Complètement immergé dans une exposition foutraque saturée d’œuvres inclassables (dessins, vidéos, installations, collections de jouets, peintures de fête foraine…), le visiteur comprend vite que cet art des marges déploie en fait un graphisme choc afin d’orchestrer une critique sociale virulente du pays du Soleil levant.
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Le graphisme choc nippon débarque à Sète
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Abonnez-vous dès 1 €Miam - Musée international des arts modestes, 23, quai Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Sète (34), www.miam.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°675 du 1 janvier 2015, avec le titre suivant : le graphisme choc nippon débarque à Sète