Le double visage de la beauté

Pour Jean-Charles Vergne, la collection du Frac est comme un corps ambivalent, un corpus d’œuvres cohabitant de façon parfois harmonieuse, parfois en lutte. C’est une même dualité de la beauté, entendue comme friction de sentiments contradictoires, que le commissaire tente de saisir dans cette exposition. Les œuvres choisies le sont pour leurs ambivalences, incarnant une beauté qui peut être tantôt évidente, légère, lumineuse, tantôt mélancolique, disgracieuse, grave. On pense aux lumières des encres de Claire Chesnier, dont on ne sait si elles sont aube ou crépuscule, renouveau romantique ou catastrophe à venir… À la poésie mélancolique aussi des peintures de Gilles Aillaud, belle et triste à la fois… La beauté est ce qui crée de l’émoi, du merveilleux, de la douceur, mais c’est aussi ce qui dérange, ce qui est âpre, rugueux, ce qui a affaire avec l’enfance de l’art, sa part d’erreur et de maladresse. Une manière pertinente de remettre en question les idées préconçues et lisses que nous nous faisons de la beauté, comme perfection, virtuosité ou joliesse.