Le don d’ubiquité de Bengt Olson

Le Suédois Bengt Olson, né en 1930, est sans aucun doute le dernier des illustres et téméraires explorateurs de l’art abstrait lyrique. Olson manie le pinceau comme d’autres le microscope électronique ou la lunette astronomique. Son œuvre polymorphe témoigne d’une inlassable quête métaphysique à la fois dans une durée et un espace indéfinis. Ancien élève de deux personnalités aussi fortes que paradoxales, Endre Nemes puis Fernand Léger, et parallèlement à Olivier Debré, Hans Hartung, Jean-Paul Riopelle et Sonderborg, Bengt Olson s’interroge depuis cinquante ans sur tous les aspects de la forme, privilégiant celles de l’organique et de la matière. Par de grands aplats de couleurs d’une fraîcheur régénératrice et une technique gestuelle qui a la transparence de l’aquarelle, proches de la manière du grand Tiepolo, Olson représente un univers lumineux micro/macroscopique dans lequel se mêlent souvent la fluidité de l’eau, la transparence de l’air et le foisonnement végétal. Mais il est aussi le peintre des formes-allusions, embryonnaires, mystérieuses, tout en matière épaisse, qui se réfèrent autant à l’extérieur du monde qu’en son propre intérieur. Sa peinture scrute les profondeurs secrètes de notre imagination, de notre inconscient, de notre chair. L’envoûtement qu’exerce cet art du visible et de l’invisible réside dans ce qui est suggéré simultanément.
De fait, sa peinture, consacrée à l’apparence et à la substance de ce qui nous entoure concrètement,
est totalement d’actualité. Cette exceptionnelle rétrospective fascinera un large public, adepte de philosophie, d’ontologie, de biologie, de géographie, de psychologie, d’écologie, de cosmologie,
de photomicrographie... comme de poésie.