Pieter de Boer (1894-1974) a consacré un quart de siècle à constituer sa collection, qui relie le Siècle d’or à la fin du XIXe. Vingt-cinq ans d’érudition et de passion lui ont permis de réunir ces petites merveilles, leurs formats, sauf exception, étant plutôt réduits. Il aimait les concordances de thèmes comme celui des coquillages peints par Goltzius et Cornelisz Van Haarlem ou des scènes d’hiver décrites par Avercamp et Jacob Cats. À côté de ces tableaux, pour marquer cet anniversaire, une centaine de feuilles est présentée pour la première fois en France. Toutes méritent l’attention en raison de leurs qualités graphiques et de l’intérêt des sujets traités. On admire notamment la délicatesse d’un paysage idéal à la plume et pinceau de Joos de Momper et Héraclite et Démocrite, une somptueuse pointe noire avec rehauts de blanc signée Jacques de Gheyn, deux maîtres oubliés figurant au rang des grands représentants du maniérisme flamand. Arie Schippers dessine « dans ce même esprit », dit Ger Luijten, directeur de la fondation, qui estime qu’avec cet artiste le dessin transcende le temps. Né en 1952, sculpteur et peintre, Arie Schippers bondit d’un domaine à l’autre avec dextérité et originalité. Il fait de l’aquarelle une arme convaincante. Son pinceau invente des fables dont les héros sont des animaux souvent comiques. Il est surtout un dessinateur à l’imagination jamais à court de surprises, qui révèle sa nature de poète créateur d’images de rêve. « Plus on pense, moins on voit », dit-il. Ses carnets de croquis au crayon prouvent qu’Arie Schippers est l’héritier direct de la tradition la plus classique, à laquelle il donne un tour moderne. Gardant sa finesse, son trait accroît les silhouettes des personnages de volumes surprenants. Charnière entre ces deux mondes, s’impose l’univers de Van Gogh pour lequel Pieter de Boer avait une dilection particulière. Sur les dessins exposés, les lignes pures et expressives de Vincent paraissent saisir la vie dans sa fatalité et sa dureté.
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Le dessin au défi du temps
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°675 du 1 janvier 2015, avec le titre suivant : Le dessin au défi du temps