La célèbre série des Mao (1975), celle beaucoup moins connue de la faucille et du marteau (1976-1977), celle étonnamment abstraite des Oxidations (1978), celle environnementale des Shadows (1978), enfin celle en forme d’hommage à Léonard du Last Supper (1986)… Si l’œuvre Pop Art d’Andy Warhol fait partie d’une iconographie aujourd’hui familière, avec ses images de bouteilles de Coca-Cola, ses boîtes de soupe Campbell, ses figures de Marilyn, ses accidents et autres faits divers, on ne connaît pas toujours bien celle de ses dix dernières années. Elle ne manque pourtant ni de qualités, ni d’inventions plastiques et si l’artiste est alors parvenu au faîte d’une reconnaissance internationale, s’il est choyé par les institutions, s’il est courtisé par tous les grands collectionneurs qui lui commandent leur portrait, il reste fidèle à sa première image. Ses peintures, dessins, photographies, vidéos et films demeurent à l’inventaire d’une démarche qui ne se prive d’aucune expérience, qui joue de sa nature polymorphe, qui passe d’un style à l’autre sans crier gare et qui se plaît à jongler entre référence et impertinence. Jusqu’au bout Andy Warhol ne cesse d’afficher une totale liberté, s’en prenant à tous les modèles tant pour les encenser que pour les caviarder, mettant le regard à l’épreuve de productions sérielles sans fin – ainsi de la série des quelque cent vingt ombres – ou le confrontant à des images aux allures d’immenses fresques où tout se télescope du monde contemporain – comme dans ses reprises du thème christique de la Cène. En fait, Warhol le provocateur – « Je veux être une machine », proférait-il dans au début des années 1960 – ne réussit pas vraiment à vieillir. Dans les années 1980, sa fréquentation de la nouvelle génération – Basquiat, Clemente, Schnabel – tout en contribuant à faire de son mythe leur figure tutélaire le maintient dans une sorte d’effervescence créatrice prospective. Sa disparition pour le moins prématurée en 1986, à l’âge de cinquante-huit ans, a privé l’histoire de l’art de la suite d’une aventure dont les dix dernières années fauchées en pleine ardeur laissent à supposer qu’elle n’aurait pas manqué d’être tout aussi puissante et remuante.
« Andy Warhol – The late work », DÜSSELDORF, Museum Kunst Palast, Ehrenhof, 4-5, tél. 00 49 211 892 42 42, 14 février-31 mai.
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Le dernier Warhol
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°558 du 1 mai 2004, avec le titre suivant : Le dernier Warhol